Rendez-vous [R]

Six heures et demi du matin. En raison de la courte nuit passée, le réveil de Ian ne fut pas une partie de plaisir. En effet, quand on a dormi qu'une petite poignée d'heures, le radio-réveil fait souvent une joli vole plané à travers la chambre, en raison du dommage occasionné à vos oreilles par sa charmante sonnerie. L'appareil de Spencer n'échappa donc pas à cette règle et atterrit dans un bruit fracassant contre la porte de son armoire. Une fois qu'il eut posé un pied au sol, Ian compris que, pour une raison ou une autre, la journée à venir serait riche en émotions. La veille, Spencer avait passé la soirée en compagnie d'Inès et n'était rentré que tard dans la soirée. De plus, avec les insomnies dont il était très souvent victime ces derniers temps, il n'était parvenu à s'endormir qu'aux alentour de deux heures et demi du matin. Ce qui lui faisait donc un total de quatre pauvres petites heures de sommeil. Toutefois, en ce jour, le neurologue le plus sexy du London James Hospital arriva parfaitement à l'heure. A huit heures piles, il débutait déjà sa journée de travail.

***

Ian pénétra dans la chambre 204 du service de neurologie du London James Hospital pour sa dernière consultation de la journée. Une simple visite de contrôle post-op. Après cela, il n'aurait plus qu'à remplir quelques rapport et il aurait enfin le loisir de vaquer librement à ses occupations. « Alors, madame Taylor. Comment ça va aujourd'hui ? » Le neurologue se dirigea vers le lit de sa patiente et s'empara de sa fiche de résultats. Il prit le temps d'examiner chacune des feuilles, il en relit même une deux fois afin d'être parfaitement certain de ce qu'il venait de lire. « Vos résultats sont normaux. Si tout va bien, vous pourrez sortir dans deux jours. » Finit-il par lancé avec un large sourire. Madame Taylor continuait alors à lui poser quelques questions qui s'avéraient tout à fait normales dans une telle situation. Après lui avoir donné les réponses dont elle avait besoin, Ian fourra les mains dans les poches de sa blouse, par habitude. Il fut néanmoins très surpris d'y trouver un morceau papier. Et alors que sa patiente était désormais en train de discuter avec son mari, le neurologue déplia le bout de papier. Sur ce dernier étaient simplement indiqués une heure ainsi qu'un lieux et il portait la signature de sa consœur titulaire, Kalea Abrams. Sa première réaction fut l'étonnement. Mais après tout, en y réfléchissant bien, il lui bien semblait que, plus tôt dans la journée, la psychiatre lui avait fait du charme. Bien évidemment, Spencer avait tout d'abord pris cela pour une hallucination de sa part et été passé outre. Mais finalement, il avait certainement raison puisqu'il y avait tout lieu de croire qu'il s'agissait d'un rendez-vous. Il finit par sortir de la chambre, encore légèrement sous le "choc" de sa découverte.

***

Ian jeta un bref coup d'œil à la pendule accrochée au mur ; cinq heures et quarante sept minutes étaient affichée au compteur. Accoudé sur l'un des comptoir réservé aux infirmières, le médecin terminait de remplir les dossiers de certains patients qu'il avait délaissé tout au long de la journée. Il hésitait encore à rejoindre Kalea pour ce fameux rendez-vous qu'elle lui avait fixé. Certes, il la trouvait très attirante mais n'était pas certain de vouloir entretenir une énième relation avec une autre membre du personnel de LJH. Il avait retourné la question dans sa tête depuis la découverte du fameux petit mot. Et puis, il y avait Inès. Oui, ils avaient décidé d'un commun accord de mettre un terme à leur relation depuis que tout l'hôpital était au courant pour eux, mais ils ne pouvaient s'empêcher de finir dans le même lit. Et, il n'en était pas encore certain, mais il avait l'impression de s'attacher de plus en plus à cette catastrophe ambulante.
Mais Ian n'eut pas le temps de réfléchir davantage à la question. En effet, il venait d'être bipé en urgence. Il s'agissait de la patiente de la chambre 204, un code bleu. En arrivant là-bas, il constata qu'elle venait de faire un arrêt cardiaque. Une infirmière était déjà présente et tentait comme elle le pouvait de la maintenir en vie à l'aide d'un massage cardiaque. Le neurologue pris le relais et après quelques secondes, il s'empara du défibrillateur et commença à "choquer" sa patiente. Pourtant, même après un bon quart d'heure de lutte, rien n'y fit. Madame Taylor ne repartait toujours pas. L'heure du décès fut fixée à 18h08. Cette fois, Ian avait vraiment besoin de se changer les idées.

Une fois tout son travail bouclé, Ian put enfin souffler et quitter l'hôpital. L'heure du rendez-vous avec Kalea avait été fixé à dix-huit heures trente. Il était évident qu'il aurait un peu de retard mais le médecin tenta tout de même d'arriver le plus vite possible. La charmante psychiatre lui avait donné le nom d'un célèbre café du cœur de Londres. L'établissement en lui-même avait déjà de quoi plaire mais il disposait également d'un avantage non négligeable ; il était à seulement deux pâtés de maison de chez lui. En arrivant là-bas, il remarqua que la délicieuse rousse s'était installée en terrasse. A ce moment, il ne sut pas trop si c'était le fruit de son imagination ou non mais il cru la voir détourner la tête au moment même où elle l'avait aperçu à son tour.

« Désolé, je suis en retard. Un contre-temps à l'hôpital. »

[J'ai vraiment honte. Tout ce temps pour un truc aussi pourri. Embarassed

]

Invité

Depuis le temps que Kalea se disait qu’elle devait enfin jeter son dévolu sur Ian, aujourd’hui c’était chose faite. Cela faisait deux mois, deux mois qu’elle lui lançait des regards assez explicatifs mais dont il n’avait pas l’air de se rendre compte du sens, deux mois qu’elle l’avait vu pour la première fois et qu’elle avait flashé sur son physique, deux mois qu’elle réfléchissait comment le séduire … Tôt dans la journée Kalea s’était décidé à attaquer sa proie, elle avait donc préparé un petit papier, indiquant un lieu et une heure de rendez-vous. Elle ne voulait vraiment pas que leur approche se passe à l’hôpital, « 18h30, Café Waxy O'Connors » accompagné de sa signature de titulaire, voilà ce qu’elle avait écrit sur ce morceau de papier. La psychiatre c’était débrouillé pour le voir dans la journée et discrètement lui glisser le mot dans la poche quand il partait. La discussion avait été banale bien qu’elle savait jouer de son jolie sourire. Un

« comment allez-vous Dr. Spencer ? », « J’aimerais vous parlez d’un patient à l’occasion, si vous pouviez passer pour en discuter cela m’arrangerait … »,

il état vrai que quelque fois la neurologie et a psychiatrie avait un lien, pour comprendre certains cas si justement leur problème n’était que psycologique ou d’un problème plus grave au niveau du cerveau. Elle était de toute façon charmeuse et cette fois encore tout en lui parlant, en fait elle avait tout fait pour lui donner envie de venir, en se disant que cela influencerait sa futur lecture …

Evidement Kalea était à l’heure à son rendez-vous, elle avait choisi un endroit plutôt tranquille, la terrasse et s’y était installé, Ian par contre n’était pas à l’heure. Elle eut alors un moment de doute, avait-il bien eu son papier ? Elle mettait souvent ses mains dans ses poches de blouse, elle l’aurait vu rapidement mais était-ce aussi le cas de Ian ? Ou bien ne viendrait-il simplement pas car il n’était pas intéressé du tout par les jolies rousses quartenaires ! En effet Kalea avait pu voir que ce beau neurologue avait l’embarras du choix et une bonne ribambelle de jeunes femmes à ses pieds, mais elle avait cru qu’elle était différente et jamais un homme ne lui avait de toute façon résister. Elle savait pertinemment ce qu’elle valait et c’était aussi ça qui plaisait aux autres. Une femme sure d’elle, est bien souvent très attirante. Mais bien que la vie l’avait rendu sure d’elle, elle ne s’était jamais fait poser un lapin, en regardant sa montre et en voyant "18h45", il y avait de quoi douter, elle se retourna pour voir si par hasard Ian ne s’était pas installé ailleurs dans le café.

C’est en se retournant qu’elle l’aperçue, débout et arrivant. Pendant ces quelques secondes où elle le vit, elle le trouva profondément sexy. Elle ne savait même pas se qui l’attirait exactement chez cet homme … Elle ne resta pas longtemps à le regarder ainsi, elle ne savait pas si lui l’avait vu, mais elle se retourna pour afficher un grand sourire, elle était contente d’elle et qu’il soit venu. Des pas s’approchèrent de la table où elle était assise, une voix aussi l’interpella : "Désolé, je suis en retard. Un contre-temps à l'hôpital". Kalea se leva pour lui faire la bise, elle lui sourit et lui répondit enfin :

« Ce n’est rien, je sais bien ce que c’est ! Et bien vous êtes là c’est le principal … »

Le beau neurologue ne mit ensuite pas longtemps à s'asseoir, en tête à tête s'était assez drôle ... Kalea remarqua qu'elle avait déjà un verre en face d'elle, elle avait eu le temps en l'attendant de se commander à boire, elle l'avait d'ailleurs entamé, avec humour elle s'excusa (en même temps elle appela un serveur pour que Ian puisse à son tour prendre quelque chose à boire) :

« Disons, que ce n'est pas très courtois, je ne vous ai pas attendu pour commander ... Mais si je n'avais rien pris, je doute que l'on m'aurait laissé m'installer ici ... »

La terrasse du petit café semblait plutôt tranquille ; à cette heure-ci, les clients se faisaient plutôt rares. C'était généralement plus tôt que le monde affluait, ou alors un peu plus tard, lorsque la soirée commençait réellement. A ce moment là de la journée, les gens sortaient plutôt de leur travail et préféraient d'abord passer par chez eux. Puisqu'il était déjà en retard d'une bonne vingtaine de minutes, Ian n'avait pas eu le temps d'en faire de même et de rentrer chez lui, ne serait-ce que se changer. Il portait donc le même costume qu'il avait enfilé le matin. Lorsque le neurologue arriva enfin au niveau de la charmante rousse, cette dernière se leva et déposa sur ses joues une bise qu'il lui rendit par la suite. Il finit par s'asseoir à son tour, en face de la jolie psychiatre.

« Ne vous inquiétez pas, vous n'aviez pas à m'attendre. Je suis en retard, c'est de ma faute. »

Kalea héla un des serveurs et quelques secondes plus tard, l'un d'entre eux faisait son apparition. L'unique chose dont Spencer avait réellement besoin en cet instant était un bon café. La journée avait été plutôt rude. Et le neurologue avait besoin d'une dose de caféine pour lui remettre les idées en place. Cette semaine, il avait perdu deux patients. Le premier, un homme de soixante ans, en phase terminale. Pour lui, il s'était psychologiquement préparé à son décès, dès le départ. Mais pour ce qui était de cette seconde patiente, Madame Taylor, rien ne la prédestinait à finir ainsi. Certes, il s'agissait là des risques du métier, chaque intervention - aussi banale soit-elle - comportait un risque ; mais on ne pouvait jamais s'y habituer totalement. Et cette détresse dans les yeux des proches, les larmes qu'ils avaient versé, c'était sans doute l'un des pires aspects de son métier.

L'ambiance était agréable. Bien qu'on voyait passer un certain nombre de voitures et de passants pressés en raison de cette heure de pointe, le cadre demeurait idyllique. Le soleil se faisait plus bas dans le ciel et les rayons qu'il diffusait sur toute la ville de Londres étaient devenus nettement plus doux et étaient ainsi responsables d'une température ambiante des plus plaisante. Le ciel, qui commençait à se teinter de couleurs rouge et orange particulièrement magnifiques, semblait décidé à demeurer parfait jusqu'à la toute fin de la journée et aucun nuage n'avait pour le moment fait son apparition. Le tableau paraissait parfait. En outre, une légère brise se faisait également ressentir.

« Alors, qu'est-ce que vous... » Il marqua d'un temps d'arrêt à la suite de ce dernier mot prononcé. « On pourrait peut-être commencer par se tutoyer, non ? » Ian tentait à présent comme il le pouvait d'entamer une conversation qui débutait déjà sur une situation peu confortable.
Après que Kalea ait approuvé, il se permit de continuer sur sa lancée. « Qu'est-ce que tu penses de notre précieux London James Hospital ? » Un petit sourire venait de s'esquisser au coin de ses lèvres.

Bien qu'il se considérait désormais comme expert de ce genre de rendez-vous, il demeurait quand même légèrement mal à l'aise dans de telles situations. Toutefois, il faisait son possible pour que rien ne transparaisse, et cela fonctionnait apparemment très bien. Le médecin savait parfaitement faire illusion d'une totale sérénité. Certainement, une des nombreuses choses dont il a hérité de l'éducation qu'il l'eût un jour reçu. Avec un père tel que le sien, le doute n'était jamais permis, il fallait demeurer maître de la situation à chaque instant, ne pas se laisser démonter. Et Ian avait toujours fonctionné ainsi.