I worry I won't see your face, Light up again. [R.]

Even the best fall down sometimes
Even the wrong words seem to rhyme
Out of the doubt that fills my mind
I somehow find
You and I collide.

« Désolée. »

Il s'y attendait, à cette réaction. A toutes ces rumeurs qui allaient grouiller dans tout l'hôpital, se répandant à la vitesse de la lumière. Déjà que l'histoire n'était pas très glorieuse, certains s'amusaient à la déformer et à rajouter des détails complètement absurdes sur la soi-disant "relation" entre Mia et Mike. Les gens n'avaient-ils vraiment pas de vie, pour se mêler de celle des autres ? Mikhail était conscient qu'il était loin d'être la personne la plus normale et gentille de l'hôpital. Pourtant, s'il y avait bien une chose dont il a toujours été certain, c'est qu'il s'en fichait pas mal de savoir qui a rompu avec qui ou Dieu ne sait quoi encore. La dispute qui avait éclaté entre lui et Turner mit du temps à être oubliée. Et encore, les gens avaient beau ne plus en parler à chaque coin du couloir, Mike ne pouvait pas éviter certains regards meurtriers qu'on lui lançait. Surtout les femmes. D'ailleurs, même si cet épisode de sa vie n'avait pas été très agréable, ça lui avait quand même permit de réaliser certaines choses. Comme, par exemple, le fait qu'il avait trop joué au con, depuis qu'il travaillait à London James Hospital. Il avait blessé trop de gens. Il ne s'en était jamais soucié, jusqu'à ce que Mia se trouve à cette place. Habitué au bout d'un moment aux regards accusateurs qu'on lui lançait sans cesse, Mike ne pouvait cependant rester aussi calme lorsqu'il avait le malheur de croiser Gordon. Celui qui avait été jadis son ami. Aussi curieux que cela puisse paraître, quand on connaît le caractère impulsif de Mike, ce dernier ne lui en voulait pas particulièrement d'avoir fait cette remarque inappropriée le jour où il s'apprêtait à avoir une conversation sérieuse avec Mia. Après tout, l'erreur était humaine - Mikhail en était la preuve, lui qui les accumulait. Cependant, il y avait un problème ; Gordon ne voulait pas le laisser tranquille, se moquait ouvertement de lui en disant qu'il s'était entiché de la belle titulaire comme un gamin contrôlé par les hormones. La patience avait ses limites. Surtout celle de Mike.

La dispute qui éclata entre les deux hommes ne dura pas bien longtemps puisqu'ils ne vinrent rapidement aux mains. Et même s'il savait que c'était - encore une fois - con de sa part de réagir ainsi, Mikhail ne pouvait rien y faire. Le fait qu'il ose parler ainsi de la femme qu'il aimait, l'avait mit hors de lui. Il n'en avait rien à faire, que personne ne le féliciterait et que personne ne lui dirait que c'était noble de défendre l'honneur de la demoiselle en détresse. Parce que la demoiselle n'était pas en détresse. Pire encore, elle s'en fichait de lui, elle ne lui avait pas adressé un seul regard depuis la dernière fois qu'ils s'étaient "parlés". Son chef de service le renvoya chez lui, prenant bien soin de lui ré-expliquer que son comportement était insupportable depuis quelques temps. C'est donc avec une lèvre inférieure légèrement gonflée et un léger (mais difficile à cacher malgré tout) bleu au niveau du menton, que Mike se rendit dans le bar où il lui arrivait de passer ses soirées. L'endroit lui parut suffisamment éloigné de l'hôpital, car il n'avait aucune envie de croiser une tête connue. Il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait en venant ici, mais c'était toujours mieux que de passer le reste de la soirée affalé sur son canapé, la tête remplie de réflexions pessimistes. Alors qu'il s'approchait du comptoir, quelqu'un lui fonça dessus, sans qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il sentit juste un liquide froid se répandre sur son torse, tuant sa belle chemise d'un bleu clair. Magnifique.

C'était d'autant plus intéressant, car la femme qui avait attaqué sa chemise avec son verre, c'était Mia. Mike réprima un soupir frustré, son regard mêlant la frustration à l'étonnement et à une profonde exaspération. Le destin s'acharnait sur lui. Etait-il en enfer ? Ça y ressemblait vaguement. A la fois dépité et renfrogné par cette rencontre inattendue, Mike la suivit du regard alors qu'elle alla occuper une table. Et sans trop réfléchir, il la rejoignit et se laissa tomber sur la chaise d'en face. « Mais je t'en prie, je préfère encore que tu t'attaques à mes vêtements plutôt qu'à mon visage. » lâcha-t-il avec un sourire légèrement forcé. « Je t'aurais bien demandé comment tu vas, mais j'ai pas très envie de me prendre une nouvelle claque. J'ai déjà eu ma dose pour aujourd'hui. » il désigna d'un geste nonchalant son menton et sa lèvre. Puis, se disant qu'il n'était pas venu dans un bar pour rien, il se commanda un scotch.

La vie à l'hôpital avait finit par devenir bien désagréable, autant pour Mia, que pour Mikhail, ou en tout cas, elle le supposait. C'était incroyable le nombre de personnes qui se sentaient concernés par une histoire qui n'était pas la leur. Et il était vrai que les premiers jours, cela avait agacé la femme. Qui étaient-ils pour se mêler des histoires des autres ? Pas même des amis, pas même des connaissances. Juste des personnes qui aimaient les commérages, et qui ne donnait que la nausée à Mia. Après tout ceci, elle avait été profondément dégoutée par la connerie humaine, et voilà pourquoi elle appréciait toujours autant passé les portes de cet hôpital pour revenir à la vraie vie. Comme si l'enfer était représenté sur terre par cet hôpital remplit de vipères. Bien sûr, Mia avait eu beaucoup de soutient auprès de ses amis - ma foi, assez nombreux. Et ils lui ressortaient tous, le même discours : Arrête de te voiler la face, tu es attachée à lui, autrement, tu n'aurais pas réagis de cette façon. Et au fond, elle savait qu'ils avaient tous raison. Sa réputation était une chose, mais il était rare qu'elle devienne aussi violente pour une personne qu'elle n'était pas censé porter dans son coeur. Cela l'avait blessée, tellement blessée, que le soir même, elle s'était fait un énorme gâteau chocolat à elle toute seule, et ça, c'était la preuve que ça n'allait vraiment pas. La fierté gâchait bien des choses, comme les possibles sentiments que Mia pouvait ressentir envers Mikhail. Elle savait que cela dépassait de loin l'amitié, Mia n'était pas dupe pour autant, mais, ses rares histoires avaient été de véritables fiascos. Entre un qui ne voulait pas d'enfants, un autre pas bien mature, et un autre qui finissait en dépression à cause d'elle, Mia finissait par se dire qu'elle n'était qu'une briseuse de coeur. Un mauvais karma, Vitaly lui avait déjà dit.

Turner était peut-être pompette, mais pas insouciante, ou idiote pour autant. Et son rire avait été plus nerveux, que signe d'un trop plein d'alcool. Croiser subitement Mikhail, cet homme qu'elle n'arrivait plus à retirer de ses pensées, alors qu'elle avait cherché à éviter de croiser sa route dans l'hôpital, faisant exprès parfois de rallonger son chemin pour éviter de passer par le service chirurgie. Mais malgré son souhait de passer outre, une blessure avait été marquée à son coeur, et ça, il allait falloir du temps avant que cela ne cicatrise, et c'était fou comme Mia ne cicatrisait pas vite. Pensant lui avoir échappée, elle s'était éloignée vers une table, pour lui faire comprendre que ce n'était pas forcément le moment pour parler ou pour s'insulter une nouvelle fois. Peine perdue, il avait finit par la rejoindre quand même. Ainsi soit-il.

« Mais je t'en prie, je préfère encore que tu t'attaques à mes vêtements plutôt qu'à mon visage. »

Mia n'avait alors lâché qu'un petit ricanement, se souvenant avec exactitude de la gifle qu'elle lui avait lancé lors de leur dernière discussion plus ou moins houleuse. Qu'avait-elle à dire à ce propos ? Rien, à part qu'il l'avait mérité. Après, peut-être qu'elle s'était laissée déborder par les émotions, mais, il était assez bien placé pour savoir qu'il méritait cette gifle, autrement, c'était qu'il avait un sérieux souci.

« Je t'aurais bien demandé comment tu vas, mais j'ai pas très envie de me prendre une nouvelle claque. J'ai déjà eu ma dose pour aujourd'hui. »

Lui faisait-il un mélodrame ou quoi ? Mia s'était alors approchée et lui avait tiré les joues comme le faisait des parents à un bébé, pour s'amuser.

« T'es trop mignon pour que j'abîme à nouveau ton beau visage. »

Et c'est en s'étant approchée de lui qu'elle remarqua l'état de sa lèvre, et le bleu au menton. Comme un brusque retour à la réalité, elle l'avait attrapé assez vivement au niveau du menton en faisant attention de ne pas le blessé plus qu'il l'était déjà.

« Qu'est-ce que t'as foutu ? »

D'ailleurs, elle se mettait déjà à examiner la lèvre de Mikhail d'un peu plus près, avant de le relâcher, troublé par cette soudaine proximité.

« Une infirmière t'a attaquée ou quoi ? »

Cela avait été trop tentant, et même si cela sonnait comme une espèce de blague où Mikhail risquait de rire jaune, elle semblait vraiment intéressée par le sujet. Et ce fut à ce moment précis qu'elle se rendit compte, que, malgré sa fierté, elle s'inquiétait pour Mikhail. Mine de rien, elle fit un signe au barman pour qu'il lui resserve un verre de vodka/citron, puisque le sien avait terminé sa course sur la chemise de Mikhail. Malgré sa légère inquiétude, elle ne s'empêchait pourtant pas de lancer quelques regards froids à Mikhail, histoire de garder la face malgré tout. De toute façon, elle était persuadée que cela allait venir jusqu'à une dispute. L'instinct féminin.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû la suivre à la table, tout compte fait. Mine de rien, son état lui faisait un peu peur. Lui, mieux que quiconque savait que les femmes pouvaient devenir incontrôlables sous l'effet d'alcool. Il n'avait pas très envie de se disputer avec elle une nouvelle fois, ou l'écouter lui dire qu'il était le pire des salauds sur terre. Et tout le monde savait que seule la vérité sortait de la bouche d'un saoul. Enfin, mêlée à quelques petites conneries de tout genre. Seulement, maintenant qu'il était à peu près certain qu'elle n'était plus sobre à 100%, il ne pouvait pas s'en aller - il y avait trop de vautours qui tournaient autour et qui n'auraient aucun remord à profiter de son état. Qui aurait cru qu'il avait en lui toute cette noblesse ? Mikhail afficha un sourire forcé et peu ravi lorsqu'elle lui tira les joues. Ce n'était pas vraiment à ça, qu'il s'était attendu, mais c'était toujours mieux que de se sauter à la gorge comme chien et chat dès le début. Peut-être arriveraient-ils à parler comme deux personnes civilisées, sans rien se reprocher ?... Ce besoin soudain de communiquer lui était nouveau. Pourtant, il n'y pouvait rien, il avait envie de savoir ce à quoi elle pensait. Le détestait-elle toujours autant ? Question stupide - bien sûr que oui, elle n'allait pas lui pardonner deux semaines après. Mike réprima un petit rire face à ses paroles. Soit il avait mal entendu ; ce qui était peu possible, vu qu'il n'avait encore rien bu, lui. Soit elle avait vraiment dit qu'il était mignon. Tiens donc. Il eut un instant peur qu'elle veuille lui arracher la tête lorsqu'elle l'attrapa par le menton, mais apparemment... elle voulait vraiment savoir ce qu'il lui était arrivé ?

Mike la fixa avec incrédulité, mais ne se dépêcha pas pour autant de lui répondre. Il n'en avait pas très envie, à vrai dire. Ses sourcils se fronçaient un peu plus au fur et à mesure qu'elle s'approchait de lui, mais - dieu merci - elle finit par s'écarter. Elle ne se doutait pas à quel point ça le troublait, lui aussi. Un sourire finit par se dessiner sur ses lèvres. « UNE infirmière ? Elles étaient une bonne dizaine. Je ne sais pas si t'as remarqué, mais j'ai réussi à me faire détester de l'hôpital entier en un temps record. » plaisanta-t-il avec un air faussement fier. Il avait comme un doute, tout à coup. Devait-il évoquer sa dispute avec Gordon ? De toute façon, Mia s'en fichait pas mal. En même temps, elle n'aurait pas demandé si c'était vraiment le cas. Rah, les femmes, elles étaient vraiment difficiles à comprendre. « Plus sérieusement, j'ai juste eu un petit accrochage avec un de mes "anciens" amis au boulot. Rien de très intéressant. » Un petit accrochage, bien sûr. Il avait failli le tuer ce crétin, si seulement on ne serait pas venu les séparer. Le serveur arriva alors avec leur commande et se saisissant de son verre de scotch, Mike jeta un regard méfiant, mais amusé malgré tout, à la vodka/citron de son interlocutrice. « T'es sûre que c'est une bonne idée ? T'as pas l'air... de très bien tenir... l'alcool. » avoua-t-il, un peu hésitant, craignant que sa remarque ne la vexe un peu trop. Après tout, ce n'était pas son but. Mais la perspective qu'elle se saoule ne l'enchantait pas particulièrement. Pour des raisons qui restaient assez floues, il s'en sentait responsable et il n'avait aucune envie de la laisser seule dans ce bar. « Enfin bon, je ne dis pas que tu ne devrais pas boire, parce que tu fais ce que tu veux, après tout. Y a juste des tas de types louches qui rôdent dans le coin. »

Combien de fois lui avait-on dit que l’alcool n’était pas pour elle. C’était une petite nature, qui gérait à peine un verre de coca, alors un verre de vodka, cela pouvait devenir dangereux. Pas pour elle, mais pour les personnes autour d’elle. Le moins que l’ont puisse dire sur Mia, c’était qu’elle était imprévisible, et encore plus lorsqu’elle était pompette. Elle ne réagit jamais comme les autres. Tout peut très bien allait pendant une minute, et la minute suivante, elle pourrait être entrain de mordre la personne en face d’elle. Une vraie sauvage ; elle tiendrait cela de sa charmante mère, espérons qu’elle ne connaisse pas la même fin. A présent, elle était peut-être gentille avec Mikhail, mais la vanne ne saurait tarder. Mia semblait être le genre de femmes à agir quand la personne s’y attendait le moins. L’effet de surprise était bien plus drôle et violent. Mais il fallait avouer que la mexicaine s’inquiétait plus ou moins de l’état de Mike. Aussi bien physiquement, que mentalement. Il avait dut subir pas mal de choses ces derniers jours, et même si elle éprouvait encore une forte rancœur à son égard, Mia ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son prochain. Après tout, c’est ce que font les médecins non ? D’ailleurs, Turner finit par redescendre sur terre lorsqu’elle lui lança un compliment. Et cela semblait presque le satisfaire. Mais la guerre était loin d’être gagné ; si seulement il savait ce qu’il se tramait dans l’esprit de la jeune femme, il ne prendrait que ses jambes à son cou avant que le dernier coup de grâce ne tombe. Imprévisible.

« UNE infirmière ? Elles étaient une bonne dizaine. Je ne sais pas si t'as remarqué, mais j'ai réussi à me faire détester de l'hôpital entier en un temps record. »

l était vrai que déjà auparavant, il avait finit par ne plus être bien appréciée par la gente féminine de l’hôpital. Mais Mia ne l’en blâmait pas, c’était le prix à payer lorsqu’on utilisait les femmes comme des objets sexuels, ou des objets de foires.

« Peut-être que tu l’as mérité en même temps. »

Ce n’était pas un reproche, ni une remarque méchante. Juste la vérité. Il avait joué, pas seulement avec elle, et maintenant, il fallait qu’il en paie les pots cassés. Qui sait ? Cela le rendra peut-être plus responsable, et plus proche des gens qui l’entourent – si toute fois, il avait de véritables amis à ses côtés. Un petit accrochage avec un ancien ami ? Drôle de « petit accrochage ». Mais elle ne souleva pas. Si ce n’était qu’un petit accrochage, ma foi, ce n’était pas bien intéressant. De toute façon, les hommes, ça ne réfléchit qu’avec les muscles, et le pénis, alors, faut pas non plus en demander trop à ces braves bonhommes.

« T'es sûre que c'est une bonne idée ? T'as pas l'air... de très bien tenir... l'alcool. »

Mia s’apprêtait à approcher le verre à ses lèvres, lorsqu’il souleva l’idée que ce n’était pas bien de boire, surtout qu’elle ne semblait pas tenir l’alcool.

POUF. Elle venait de lui lancer tout le contenu de son verre à la figure, avec la tranche de citron, par la même occasion. Il l’avait cherché. Après tout, de quoi se mêlait-il ? Le moins que l’ont puisse dire, c’était que ce pauvre Mike n’allait pas rentrer chez lui de façon indemne.

« Désolée, le verre m’a échappé des mains. »

Et en la regardant bien, on pourrait presque croire que c’était vraiment le cas. Il fallait avouer que Mia était une bien bonne comédienne, et que là, elle prenait Mike pour un abruti de première. Prenant une serviette en papier qui se trouvait sur la table, elle la colla carrément sur le visage du blond, avec un fin sourire.

« Je crois que là, les gars louches, ils vont pas courir derrière mes fesses hein. »

Deux fois qu’il se prenait la boisson de Mia, et deux fois qu’elle jouait à la petite rigolote. D’ailleurs, Turner en profita doublement, en lâchant

« Oh, et tu payeras mes deux consommations, vu que j’ai pas vraiment pu les boire. T’as une fâcheuse manie à attirer mon verre. »

C’était mal de se moquer de la sorte, mais tellement drôle. Bien sûr, elle se doutait qu’il y aurait un effet boomerang. Mike semblait avoir eu une journée difficile, et Mia ne l’épargnait pas, pour le coup. Que la vie semblait difficile à ce moment précis.

Sans qu'il ne puisse le retenir, il sentit un rire nerveux lui échapper. Lui qui avait cherché le calme après cette journée affreuse, on peut dire qu'il s'était royalement gouré d'endroit. A force d'imaginer un bar comme un endroit pour relâcher la pression et s'oublier un peu dans l'alcool, on en oubliait le plus important - des titulaires cinglées qui ne se privaient pas de faire souffrir les malheureux qui se retrouveraient sur leur chemin. Enfin, il n'allait quand même pas s'en plaindre, s'il voulait éviter la confrontation, cette fois-ci, il n'avait eu qu'à s'en aller dès qu'il l'avait vu, - ou plutôt, dès qu'elle l'avait percuté -, ça lui aurait évité pas mal de problèmes. Notamment un nouveau verre qu'elle venait de lui renverser dessus, et la tranche de citron restée accrochée au col de sa chemise. Soufflant doucement, comme pour se calmer car il craignait d'exploser d'un instant à l'autre, Mikhail finit par attraper le morceau de citron, le secoua dans l'air à côté de Mia, avant de le manger avec un air imperturbable et un sourire sarcastique sur les lèvres. Elle le cherchait, le provoquait. Mike n'avait jamais été doté d'une très grande patience, mais il allait devoir faire un effort. Parce que c'est uniquement en gardant son calme qu'il allait s'en sortir vainqueur. Et il en avait bien l'intention.

« Tu sais, Turner, quand je disais "tenir l'alcool", je ne parlais pas de "tenir ton verre". Cela dit, franchement, qui t'en voudrait de tout comprendre de travers ? Dans l'état où tu es. » il poussa un petit soupir enjoué, empli à la fois de désespoir et de compassion. Lui qui voulait passer une soirée tranquille, on ne pouvait pas dire qu'il faisait quoi que ce soit pour. Au contraire, voilà qu'il se laissait entraîner dans son petit jeu, ne se privant pas de se moquer d'elle ouvertement. Même si son regard ne présageait rien de bon - enfin, il se doutait bien qu'elle n'allait pas vraiment apprécier, mais c'était elle qui avait commencé, non ? Mike sourit de plus belle, de plus en plus amusé par la situation. Il savait qu'il risquerait de le regretter, mais tant pis. Elle avait définitivement tué sa chemise préférée ! Et par-dessus tout, le citron était dégueulasse. Sans la quitter des yeux, il leva la main et appela le serveur pour lui dire de tout mettre à son compte. « J'ai de la chance d'avoir un travail qui remporte plutôt bien. A ce rythme là, vu que tu ne peux pas tenir un verre sans le faire tomber, je me serais ruiné en un rien de temps. Mais si tu savais ce que ça me fait plaisir, payer un verre à une titulaire aussi célèbre que toi. C'est presque comme si je me sentais... comment dire ? Au-dessus. » continua-t-il sur sa lancée théâtrale, insistant sur la fin de sa phrase débordante de sous-entendus. Elle n'avait plus de verre à lui balancer à la figure. Alors à moins qu'elle l'attaque avec une chaise ou décide tout simplement de l'étrangler en public... Il ne risquait pas grand chose.

Mia s’était retenue pour ne pas éclater de rire après avoir balancé son verre au visage de Mike. Après tout, il l’avait peut-être mérité, car Mia ne faisait jamais rien sans raison. Elle était peut-être pompette, mais pas encore totalement inconsciente pour se laisser faire comme ça. Mais, elle savait aussi que la situation risquait de s’aggravé, après tout, elle-même apprécierait très peu qu’on lui balance un verre – d’alcool en plus – à la figure. Pourtant, Mia fut particulièrement étonnée par la réaction de Mike. Il était resté calme – enfin, même si elle était persuadée qu’à l’intérieur, il n’attendait que le moment parfait pour se venger – mais quand bien même, avant, il aurait réagit au quart de tour comme une belle Ferrari.

« Tu sais, Turner, quand je disais "tenir l'alcool", je ne parlais pas de "tenir ton verre". Cela dit, franchement, qui t'en voudrait de tout comprendre de travers ? Dans l'état où tu es. »

Et la remarque était tombée, mais Mia s’y était plus ou moins attendu, d’où le fait qu’elle avait prit cela avec le sourire, comme si il venait de lui faire le plus beau compliment au monde. Chacun sa manière de réagir aux divers éléments de la vie. Puis, Mia buvait rarement, et vu qu’elle avait eu une journée difficile, elle avait peut-être voulu chercher du réconfort, ailleurs que dans les bras d’un homme. Posant sa tête sur sa main, avec son air d’enfant, elle ne le quittait pas des yeux, avec un adorable petit sourire espiègle.

« En attendant, je préfère être alcoolisé, plutôt qu’être comme toi, avoir l’air pathétique, et avec la gueule de travers. »

Mia devenait toujours un peu plus vulgaire lorsqu’elle buvait de l’alcool, puis, de toute façon, le verre qu’elle avait jeté au visage de l’homme envers lequel elle était bien attaché, avait été son dernier. Interpellant un des serveurs qui semblait assez exaspérée par Mia – bien qu’une habituée de ce bar, puisqu’elle y venait souvent pour ses soirées avec ses amis, elle finit par se commander un verre d’eau pétillante, qui, cette fois-ci, ne finira pas sur la chemise du beau Mikhail.

« J'ai de la chance d'avoir un travail qui remporte plutôt bien. A ce rythme là, vu que tu ne peux pas tenir un verre sans le faire tomber, je me serais ruiné en un rien de temps. Mais si tu savais ce que ça me fait plaisir, payer un verre à une titulaire aussi célèbre que toi. C'est presque comme si je me sentais... comment dire ? Au-dessus. »

En attendant son verre, Mia écoutait le baratin de Mikhail avec un sourire, comme si il lui racontait la meilleure histoire de sa vie. D’ailleurs, elle ne put retenir un petit rire pour la fin de sa phrase. Au-dessus ? Intéressant. Et étrangement, cela ne vexa pas Mia. Pourtant, dans le genre féministe, il lui arrivait d’être pas mal. Une fois son verre arrivait, elle vit Mikhail la fixait, pour être sûr qu’elle n’allait pas encore une fois lui lancé en plein visage. Ce qu’elle ne fit d’ailleurs pas. Prenant une gorgée, Mia se décida enfin à répondre.

« Qui te dit que je n’aime pas que tu sois au-dessus de moi ? »

Lui faisant son petit sourire suffisant, et un regard coquin lourd de sous entendu, elle ne se gênait pas un seul instant. Après tout, il lui avait tendu la perche. Et encore, il avait eu de la chance, car, quand elle était lancée sur un sujet comme celui-ci, avec des sous entendus, parfois, elle pouvait se montrer tellement charmante qu’elle ne se serait pas gênée pour le faire craquer en public, mais, elle tenait à garder la face. Ils n’étaient qu’aux points des sous entendus, rien d’autre, et c’était suffisamment amusant pour l’instant, pour éviter d’en rajouter une couche.

« J’adore quand tu m’appelles Turner, ça sonne vraiment sexy dans ta bouche. »

Là, par contre, c’était plus une moquerie qu’autre chose, mais il n’était pas évident que Mikhail s’en rende compte, puisqu’elle avait gardé la même attitude du ‘j’aime que tu sois au dessus de moi’.

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