Je pensais que tout irait mieux ... { R }

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Dès que les portes de l’hôpital se sont ouvertes devant lui, il sut que cette journée serait un calvaire. On parle souvent d’instinct, de signes prémonitoires, de choses de ce type mais il y avait surtout ce sentiment d’étouffer, cette volonté de ne pas aller au boulot, de ne pas se lever ... Il sentait que quelque chose se passerait cette journée-là mais il avait dû se lever, prendre le métro pour rejoindre son lieu de travail qui ne comptait que trop dans sa vie désormais. Il se changea alors dans les vestiaires pour enfiler une blouse blanche qui lui permettait de faire le passage entre la vie tranquille de Yanis à celle du Docteur plus que préoccupé par son travail. Il avait dû travailler avec son ex-épouse toute la journée à cause d’un accident de bus scolaire qui leur avait donné pas mal de boulot. Comme d’habitude, la tension était palpable, l’atmosphère suffocante mais tout le monde faisait comme si de rien était même s’ils avaient connue Ellen Carlton il y a quelques années. Maintenant les choses avaient changé et il fallait faire avec car eux faisaient avec. Douglas ne lui avait donné aucun moment de répit comme si tout reposait sur ses épaules mais à vrai dire, elle était une dès pédiatre les plus douées de cet hôpital et il ne voulait pas perdre un seul de ces gamins.

Une journée éprouvante comme il y en a beaucoup dans cet établissement, comme il y en a beaucoup dans la vie de vos médecins favoris. Yanis était en train de remplir le dernier dossier médical de sa journée et alla vérifier une dernière fois que la patiente la plus critique allait bien. Tout était stable. Plutôt une bonne journée en fin de compte, une journée qui lui prouvait qu’il faisait tout de même un incroyable duo avec son ex-femme. Ils étaient sur la même longueur d’ondes ... au travail. Satisfait de sa journée, il se fit couler un chocolat chaud à la machine faite à cet effet et se dirigea vers les vestiaires. Il poussa la porte de ces vestiaires en faisant un signe de main poli à un interne avec qui il avait travaillé aujourd’hui et qui s’était avéré plutôt doué - Ellen faisait du bon boulot avec ces internes comme toujours - avant de refermer la porte derrière et de soupirer profondément. Yanis était du genre à ne pas montrer ses faiblesses, à jouer aux durs devant tout le monde mais en réalité, chaque journée comme celle-ci le brisait un peu plus. Il but alors la dernière gorgée de son chocolat chaud quand soudain son regard se posa sur le corps de son ancienne épouse qui venait de sortir de sa douche. Ces cheveux mouillés qui laissaient couler quelques gouttes le long de son cou, ce visage fatigué et surpris de la présence de Yanis, cette serviette enroulée autour d’elle ... Elle n’avait pas changé depuis la dernière fois où il eut le privilège de la voir dans cette apparat. Il serra sans s’en rendre son gobelet vide qui se retrouva en quelques secondes dans la poubelle la plus proche.

“Journée difficile. Mais j’ai cru voir que tes internes assuraient ... même si on aurait bien besoin de davantage de mains qualifiées dans ce genre de situations.” Lui avait-il en reprenant ses esprits et en parlant d’une voix plus que tranquille mais ... malheureusement froide et détachée. Il ne voulait plus mettre de proximité entre son ancienne femme et lui, ils étaient divorcés pour je ne sais quelle raison et devaient faire avec. Il aurait aimé savoir comment elle allait depuis le temps, il aurait aimé savoir si tout se passait bien depuis qu’il était venu chercher toutes ses affaires dans leur maison qu’il lui avait d’ailleurs laissé. Il se renseignait tout de même auprès d’Aidan sur la santé, le moral de son ancienne femme ... apparemment, ils se parlaient fréquemment. Il voulait savoir si elle allait bien, c’était tout ce qui lui importait. S’installant sur le banc des vestiaires, il ouvrit son casier et ne put que soupirer une fois de plus. Il lui parlait comme à une vulgaire collègue ...

“En tout cas, tu as fais du bon boulot aujourd’hui ...” Lança t-il comme s’il s’agissait d’une phrase classique et banale. Il la traitait comme une collègue normale et banale même si à ses yeux elle n’avait rien de tout cela. Elle était Ellen Reed, celle qu’il n’avait jamais cessé d’aimer jusqu’à ce qu’il tourne la page avec difficulté. Elle était celle avec qui il s’était senti réellement vivant mais également réellement mort quand elle mit fin à tout ce qu’ils avaient entrepris. Parfois la vie nous réserve de douloureuses surprises. Tournant le dos à cette femme, il ota alors sa blouse qu’il rangea dans son casier pour ensuite ôter son tee shirt.

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On pouvait en dire ce qu’on voulait … la chaleur, quel quelle soit faisait énormément de bien.
La jeune femme y avait passé une bonne dizaine de minute au cours desquels, elle s’était contenter de recevoir de l’eau sur elle et où enfin, elle avait pu ne pensait à rien.

La journée avait été si dur au final. Elle n’avait rien montrait. Lui non plus. Eux non plus … ni les enfants, ni les infirmiers, ni les internes ne s’était permis de laisser une once de douleur s’étalait sur leur visage.
La pression avait été dur pourtant, pour tout le monde. Il n’avait perdu aucun enfant mais elle, elle s’était perdue … Malgré tous les efforts du monde, une part d’elle resterait Ellen Carlton à jamais. La page avait était tourné mais cette même page avait plutôt fini par être déchiré. Chacun des deux amants avait repris une vie, La brune avait eu vent des différentes histoires du chef de service et elle, ne cachait pas sa relation avec James Harvey avec qui d’ailleurs elle était très bien, pourtant …

La jeune brune se redressa lentement, attrapa la serviette rouge sang qu’elle avait pris le soin de suspendre un peu plus loin, s’enroula dans le tissu éponge et pris lentement la direction de son casier. En entrant dans la pièce, la résidente se rendit compte rapidement qu’une autre personne l’occupait aussi et sans même avoir à relever la tête, elle sut de qui il s’agissait.
Ses narines furent agacées par l’odeur d’un parfum qu’elle connaissait bien et qu’elle pouvait parfois sentir sur certains de ses draps et celle du chocolat chaud du distributeur, une mixture infecte bien trop sucrée à ses yeux.
Lorsque finalement elle croisa son regard, Ellen ne put poser sur lui qu’un regard surpris; il n’y avait pourtant pas de raison d’être surprise de le trouver là … les vestiaires était mixte et il avait autant le droit qu’elle de pousser cette porte.
Il posa ses yeux sur elle et c’est totalement démunie qu’elle le laissa la détailler. Son regard n’avait rien de lubrique … il disait juste « as-tu changer ? ».
Frileuse, la jeune femme trembla et à nouveau, elle ressentit cette tension. Cette même tension qui l’avait suivi toute la journée. Lorsqu’il prit la parole, la jeune femme l’imita et ouvrit lentement son casier en formant sur le cadenas la date de leur mariage. Il était resté inchangé, plus par manque de temps que par réel sentimentalisme.

FLASHBACK

La jolie maison londonienne du centre de la ville dans laquelle résidait les époux Carlton était le théâtre d’un drame sourd.
Quelques cartons étaient entreposés un peu partout dans le couloir lumineux de leur maison. Difficilement, Yanis chargeait sa voiture des cubes en carton. Ellen se contentait de le regarder faire et à chaque fois qu’un carton disparaissait du sol marron verni, elle le ressentait comme un coup de poignard dans le dos… Avait-elle finalement fait une erreur ? Est-ce que leur mariage n’était pas la plus belle chose qui lui soit arrivé ? Pourquoi s’était-elle laissé détruire de cette manière ?
Sur son dos, la jeune femme portait l’unique chose qu’elle avait réussit à sauver. Un pull bleu roi appartenant à son mari … son ex-mari - il fallait qu’elle s’y habitue - et dont elle frottait les bras en continuant de le regarder faire. C ‘était plus fort qu’elle … Ellen se sentait incapable de l’aider à s’éloigner d’elle de cette manière.

Lorsqu’il eut fini son déménagement, la jeune pédiatre prononça la seule phrase sincère qu’elle trouva.
« fais attention a toi sur la route … Je veux dire … enfin … » elle ne trouvait pas ses mots totalement troublée.
Il murmura d’une voix tranquille « Oui … je prendrais soin de moi »
« Tu … » La jeune femme continua a frotter machinalement ses avant bras comme si elle avait besoin de chaleur « Tu es sûr que le quartier où tu loues est bien famée ? Je …. Parce que sinon la maison t‘es toujours grande ouverte, je … je voudrais pas que …»
« je vais y aller Ellen, je suis mal garée » dit-il pour clore cette conversation qui ne mènerait nulle part. Ellen hocha la tête en tirant nerveusement sur les manches de son pull et le laissa s’éloigner alors que tout son être lui criait de courir le récupérer quoi qu’il lui en coûte.
Finalement la porte claqua et c’est en larmes qu’elle se laissa glisser contre le mur blanc le plus proche en remontant ses jambes contre elle.

FIN DU FLASHBACK

Ellen se contenta d’hocher la tête lorsqu’il parla. Il était vrai que ses internes étaient plutôt efficaces, elle ne se vantait de rien … lorsqu’ils étaient arrivés, elles les avaient déjà trouver relativement réactifs et d’une intelligence certaine. La jeune femme leur dissimulait bien sur tout le bien qu’elle pensait d’eux mais il n’empêche qu’ils étaient doués et elle se savait assez effrayante pour qu’ils soient aussi obéissants. Ellen s’amusait de cette image de « Terminator » qui lui collait à la peau.

« En tout cas, tu as fait du bon boulot aujourd’hui … »
Elle sourit un peu en cherchant de quoi se changer dans son casier.
« Je te retourne le compliment. Tous ses gosses ne s’en seraient pas sortis sans toi … Je crois que certaines des petites ont décidés de faire de toi leur héros » dit-elle du même ton tranquille que le chef de service. Elle sourit légèrement et décida de détendre légèrement l’atmosphère « … tu les fait toutes craquer on dirait. »
Pourtant un nouveau silence pesant s’installa.

Elle avait vu tout au long de la journée comme il était talentueux, il savait s’y prendre avec les enfants, il était particulièrement pédagogue et savait rapidement ce dont ils avaient besoin. Yanis était un des meilleurs de sa profession et chacune des paires de main présente aujourd’hui en avait eu la preuve.
Les enfants … c’était ça son domaine ! c’est avec eux qu’il était vraiment lui et elle en avait tué un. Elle avait tué le sien. Tous les jours depuis plus de 3 ans, elle avait voulu s’excuser de sa fausse couche.
Les mots sortirent alors de sa bouche sans qu’elle ne puisse les retenir. Il était de dos, elle n’affrontait pas son regard et c’était bien plus simple.

« Je n‘ai jamais voulu perdre ce bébé Yanis … Je n‘ai … je le désirais autant que toi et … »

Lorsqu’elle entendit l’écho de sa voix dans la pièce froide, elle réalisa ce qu’elle venait de dire mais il était trop tard, il se retournait déjà.
Elle, gardait sa main posée à l’endroit où le nœud de la serviette était formé, appuyée à son casier, son visage légèrement en hauteur. Le sujet tabou était lancé et elle aurait voulu être ailleurs … loin … très loin.

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Avoir des internes ne manquait pas du tout à Yanis, il se souvenait très bien de cette période de sa vie où il avait un quatuor désastreux et puéril qui le suivait partout et qui ne cessait d’ailleurs de lui lécher les bottes pour avoir une opération à ses côtés. Désormais ,il était titulaire et ne faisait que les croiser ... c’était bien mieux comme ça. Bientôt, ce sera au tour d’ Ellen de se passer d’internes pour devenir également titulaire en pédiatrie. Il ne savait pas si elle avait décidé de continuer dans cet hôpital ou si elle préférait quitter l’établissement, il n’en avait pas entendu parler mais tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne pourrait que soutenir sa candidature vu le travail formidable qu’elle faisait ici. Toujours ce petit air sérieux, cet arquement de sourcil quand la situation essayait de lui échapper des mains. Il y a tout de même des tas de choses qui ne changeront jamais.

Il l’avait complimenté comme il aurait complimenté tout ceux qui auraient agi et réagi comme elle l’avait fait. C’était réellement du bon boulot. Il esquissa un sourire amusé en l’entendant lui retourner le compliment. Elle exagérait peut-être juste un peu, bien qu’il était certainement le meilleur - pour l’instant - dans cet hôpital au niveau de la pédiatrie, il considérait toujours que le travail d’équipe était la solution à pas mal de situations de crise. Si seulement il avait pu mettre au point cette stratégie dans le domaine privé peut-être que les choses ne se seraient pas passées ainsi. Un héros ? Cela le fit sourire d’un air amusé. Il se voyait bien sous une cape avec une paire de collants verts en train de secourir des enfants blessés. Il les faisait craquer ? Un silence s’installa entre ces deux personnes qui ne savaient pas trop comment se conduire quand ils étaient l’un à côté de l’autre. Génial.

“ Le travail d’équipe a fait tout le boulot ... Mais je prends volontiers le rôle de héros. Ca ne me dérange pas. Je fais souvent craquer les moins de douze ans, c’est dans ma nature.”

Dit-il avec un petit sourire aux lèvres. Bien sûr, sa réponse avait été un peu longue à arriver mais elle était tout de même arrivée. Il avait essayé de ne pas créer de tension ou alors la moindre gêne, il ne voulait surtout pas se retrouver face à elle, les joues rouges et le regard baissé sur le sol. Yanis avait toujours préféré les douches de son nouvel appartement à celles de cet hôpital, il détestait cet odeur et pourtant il y travaillait depuis de longues années. Changeant de tee shirt, il était de dos à sa femme et passa une main dans ses cheveux bouclés en croisant son regard dans le miroir collé à l’intérieur de son casier. Parfois, il se disait que se coiffer un peu pourrait l’aider à être plus convaincant. Les paroles de cette femme blessée, détruite le firent quasiment sursauter. Il se retourna alors vers elle aussitôt, c’était des paroles qu’il n’avait jamais entendu. Il se souvient de l’annonce de la grossesse d’Ellen, ils avaient fêté ça comme il se devait. Ils étaient heureux, avaient même préparé une petite chambre pour leur enfant, les deux pédiatres dans leur domaine également dans la vie privée ... mais dès que la perte fut annoncée, le sujet devint tabou et le couple s’ecroula comme un château de cartes soumis au vent. Il avait tout de même une sacrée douleur au coeur en l’entendant dire cela.

“ Je sais. Je sais, Ellen. On le désirait tous les deux.”

Lui répondit-il d’une voix plus douce et plus tranquille tout en se levant de son banc sur lequel il était assis. Il plongea alors son regard dans celui de son ex-femme bien qu’elle le fuyait.

“Tu sais autant que moi que nous ne pouvions rien faire contre ça. Ca arrive ... et c’est tombé malheureusement sur nous.”

Poursuivit-il en s’approchant davantage d’elle. Première fois qu’ils se parlaient aussi longtemps de leur enfant qu’ils n’avaient pas eut. Yanis était doué pour réconforter les patients mais n’avait sûrement pas su trouver les mots pour sa femme qui avait toujours eut ce sentiment de culpabilité au creux de son coeur.

“Personne n’est coupable, Ellen.”

Il prononça ses mots comme s’il s’agissait d’un verdict de la cour de Justice mais c’était bel et bien le cas. Personne n’était coupable de ce qui leur était arrivé. Il aurait bien aimé qu’il y ait un coupable, quelqu’un à dénoncer, à châtier mais non, il n’y avait personne et personne n’avait su les aider. Yanis se souvient du soutien de ses collègues mais il se souvient également de ses paroles froides et distantes qui les envoyaient sur les roses à chaque fois qu’ils essayaient d’entamer le sujet. Il avait fuit ...

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Ça avait quelque chose d’assez étrange d’être tout d’un coup si intime avec lui. Pendant des années, il s’était mutuellement fuit … et ça n’avait pas été de tout repos, il fallait l’avouer ! Malgré la réciprocité qu’engagé le fait de travailler dans le même service, ils étaient plutôt doués à ce jeu là.
C’était assez étrange d’ailleurs, eux qui étaient habitués à affronter la mort et à aider des familles entières à l’assumer, était totalement incapable d’affronter ensemble leur échec. Faire comme si tout avait été réglé lorsque les papiers avaient été signer semblait leur suffire.

Il commençait à faire froid dans ce vestiaire carrelé et lugubre, il n’avait absolument rien d’accueillant et ça n’était pas le but pour tout avouer. La plupart du personnel hospitalier s’y rendait, y restait quelques secondes -ou quelques minutes pour les plus courageux- puis s’éclipser pour vaquer a des occupations plus prenantes ou plus reposantes. Pour tout dire, s’il y avait un endroit où on pouvait être sur d’être tranquille (le placard à balais mis à part ) c’était bien ici.

Alors que Yanis approchait, la petite brune s’affairait à tenter de garder la même distance entre lui et elle qu’il y a quelques secondes. Ainsi, alors qu’il avançait, elle préféra reculer.

« A… Alors pourquoi ?… je veux dire …pourquoi tu me regardes de cette manière ? »

En reculant toujours, elle serra à nouveau contre elle le bout de tissu éponge rouge sang et puis d’un geste simple amena ses mains en avant, les yeux écarquillés et légèrement humides.
Et puis elle reprit …

« Je … tu me regardes et je sens bien comme tu m’en veux … ! Je le voulais aussi cette enfant ! Je sais que c’est toute ta vie et … et à moi aussi et j’ai eu le sentiment qu’il … que j’avais tuer la chose la plus importante de ta vie … et tu n’as jamais été là pour me dire que … »

Tout cette tirade n’avait pas beaucoup de sens, Ellen ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’elle disait … les mots sortaient de sa bouche comme ils arrivaient à son cerveau. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Elle n’en savait rien mais tout ce qui était restait coincée pendant des années entre son cœur et la boule dans sa gorge s’évaporait pour former des phrases sans aucune réflexion.
Elle savait bien que la moitié de ses dires étaient faux; Yanis était pédiatre, les fausses couches il savait ce que c’était mais la petite chose fragile qui avait subi ce déchirement se réveiller en elle et avait besoin d’être pardonner, la brune avait besoin d’entendre « je te pardonne », il ne l’avait jamais dit … sûrement parce qu’il pensait que c’était une évidence.
Il n‘était pas question de se remettre en couple avec lui, leur histoire avait été belle le temps qu‘elle avait duré et puis, il avait cette Janice et elle, avait James, l‘archétype même de l‘homme parfait, celui qu‘on lui envierait toujours quoi qu‘elle fasse et où qu‘elle aille, mais son entente plus que douteuse avec son chef de service lui posait problème.

Un instant, elle ferma les yeux et se décida a reprendre. Elle reprit ses esprits puis articula doucement.

« écoutes tu sais quoi ? nos vies ont évoluées ... les choses ont changées et plutôt en bien après réflexion ... je veux dire, tu as cette fille et ... j'ai James ... autant en rester là d'accord ..? »

La jeune femme hocha la tête comme pour répondre elle-même a sa propre question et ouvrit son casier à la recherche de la désavantageuse tenue bleue qu'elle avait l'habitude de porter et de sa blouse blanche.

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Est-ce-que Yanis avait bien vécu son divorce et la perte de cet enfant ? Bien sûr que non, tout le monde en avait été témoin mais lui avait fait comme si. “ Faire comme si”. Il était doué à ce jeu là et on avait pu le constater durant cette période de sa vie. Pour tout vous dire, son alliance a disparu de son annulaire quelques temps après son divorce, certains le lui faisaient savoir par quelques questions peu subtiles mais à chaque fois, il haussait les épaules en disant qu’il oubliait ou qu’il ne parvenait plus à l’ôter. Pauvre Yanis. Ca avait été difficile de faire le pas mais il y était parvenu et c’était tant mieux. Yanis lui avait répondu avec une douceur surprenante et s’approchait d’elle en la regardant dans les yeux mais cette jeune femme reculait au fur et à mesure comme si elle ne voulait aucune proximité avec lui, elle ne voulait pas le voir près d’elle, pas qu’il la touche. Ils s’éloignaient encore.

Les paroles de la jeune femme lui donnèrent la même sensation qu’un coup de poignard dans le coeur, il détestait cela. Il n’aimait pas la voir dans un état si triste. Et il ne comprenait pas non plus ce qu’elle lui disait, il ne comprenait pas ce qu’elle voulait lui dire. Comment la regardait-il ? Comme la femme qui avait porté son enfant et avec qui il avait traversé pas mal d’épreuves difficiles. Il se souvenait encore de la fois où elle lui annonça le fait qu’elle était enceinte, quand ils cherchèrent après un nom, quand ils se battaient pour la couleur de la chambre, pour le lit ... Des milliers de bons souvenirs et puis tout s’était terminé comme un couperet, trop rapide, trop difficile, c’était terrible de se dire qu’il y quelques années, il partageait son lit, sa vie, ses bons et mauvais moments. Yanis cessa alors d’avancer vers elle, il laissa alors ses bras tomber le long de son corps et fronça les sourcils en se demandant ce qu’elle attendait, voulait de lui.

“Je te regarde comment Ellen ? Je ne t’en veux pas. Ne dis pas ça ! Je le sais qu’on voulait cet enfant tous les deux ... Tu n’as rien tué du tout Ellen.” Lui dit-il en fronçant les sourcils. Elle n’avait rien tué du tout mis à part ses rêves d’amour éternel. Il ne lui en voulait pas, il ne la considérait pas comme coupable de la mort de cet enfant, il ne lui en voulait pas ! Il fallait qu’elle le comprenne, qu’elle le sache. Pour lui dire quoi ? Yanis avait les neurones en folie à cause de cette journée harassante, à cause de cette conversation qui n’avait jamais eut lieu ... c’était comme trop surprenant. Il releva la tête et lui dit alors d’une voix trainante, douce, et rassurante : “ Que je te dise quoi Ellen ? Que je te pardonne ? Mais je n’ai pas à te pardonner ... j’aurais dû être là pour m’occuper de toi, pour t’aider à surmonter cela et j’ai fui ... j’ai été lâche et j’en suis plus que désolée. J’espère qu’un jour tu comprendras que je m’en veux réellement et que je regrette pas mal de mes choix passés.” Il lui avait parlé avec toute la sincérité du monde et on ne pouvait pas douter du fait qu’il disait vrai. Il ne parlait plus à une simple ancienne conquête ou comme à une patiente mais bel et bien à son grand amour, à celle qui avait fait battre son coeur, qui l’avait rendu heureux. Elle était une femme importante dans sa vie et il ne pouvait pas nier ou oublier tous ses souvenirs qui les liaient.

Il l’écouta alors avec attention et acquiesça d’un signe de tête en l’entendant dire que les choses avaient évolué. Oui. Cette fille ? Qui avait-il ? Janis ? Cette femme qui l’avait laissé tomber sans même lui donner d’explications ? Il savait qu’Ellen était au courant de cette relation car il ne s’en cachait pas et était réellement heureux avec elle ... mais une fois de plus, il avait été trop attaché à son travail et pas assez à elle. Il l’avait perdu et ne pouvait rien contre. Il haussa les épaules. “Quelle fille ? Janice ? Oh mais je vois que tu n’écoutes toujours pas les ragots de l’hôpital. Tu n’as pas changé Ellen ... Tu as James et tu mérites d’être heureuse, Ellen.” Lui avait-il dit avec cet adorable sourire aux lèvres. Il avait encore cette petite pointe de jalousie en imaginant son ex-femme dans les bras d’un autre mais il ne pouvait pas lui demander de devenir nonne alors il allait faire avec ... Tant pis pour lui.

» Mieux qu'un curly, mieux qu'un tamagotchi.