Grace Hunter ; ou la grâce (garce ?) incarnée [UC]

Bip. Bip.

Alors que Grace donnait des ordres aux deux internes qu’on lui avait assignées pour la journée et qu’elle voyait arriver Aiden, son ex-mari, au bout du couloir ; son biper se mit à sonner. Une urgence au premier étage. Elle pressa ses internes de faire ce qu’elle venait de leur demander et se dirigea, malheureusement, du côté d’Aiden. Celui-ci allait ouvrir la bouche pour lui lancer une de ses fameuses piques, elle en doutait, mais elle le coupa dans son élan.

- Non. Je n’ai pas le temps là, Aiden.

Puis elle continua sa course vers l’ascenseur alors que celui-ci répondait de son éternel air sarcastique.

- Ah oui, c'est vrai ! J'avais oublié que tu voyais des vagins à volonté dans cet hôpital... Ca va pour cette fois mais tu n'échapperas pas au partage des biens, Gamine ! Au fait, tu savais que j'enviais ton job ?!

Entendant cela du bout du couloir, elle ne prit pas la peine de lui crier une réponse, elle souffla seulement d’un souffle qui laissait entendre tous ces sentiments qu’elle refoulait, qui ressortaient en vague à chaque fois qu’elle l’approchait. Tout en attrapant l’ascenseur qui fermait ses portes, elle comprit à quel point cet homme lui manquait. Elle l’avait aimé pour ses piques toutes mieux formulées les unes que les autres, pour le regard qu’il posait sur elle lorsqu’il allait attaquer. Et peut-être l’aimait-elle encore …

L’ouverture des portes la sortit de sa rêverie et elle se dirigea vers les urgences, là où l’appelait une femme enceinte de cinq mois et demi, brûlée sur tout le côté gauche. Après un accident, sa voiture avait commencé à prendre feu et elle n’avait pu sortir toute seule. Les secours étaient arrivés avant qu’elle ne soit totalement sous les flammes.

Lorsque Grace arriva près de sa patiente, celle-ci avait de violentes contractions et tout laissait croire qu’elle allait accoucher. La gynécologue se présenta rapidement tout en auscultant la femme affolée.

- Bonjour madame Turner. Docteur Grace Hunter, gynécologue. C’est moi qui vais m’occuper de vous.

- Docteur ! Ce n’est pas normal ! Je ne dois pas accoucher avant trois mois et demi ! Je ne veux pas accoucher, je ne veux pas perdre mon bébé.

Et dans ses larmes, la patiente poussa un nouveau cri, plus fort que les autres ; signe d’une nouvelle contraction encore plus importante. Grace avait prit les commandes des opérations et ordonna à tous les internes qui grouillaient autour d’elle d’agir.

- Vous. Allez me chercher l’échographe. Vous. Allez réserver le scanner et l’Irm. Vous. Injectez cette dose de morphine.

- M… moi ?

- Mais oui vous ! Allez dépêchez-vous ! Vous ne voyez pas que cette femme souffre ?

Sous les ordres de sa supérieure, le jeune interne administra la dose suffisante à la patiente, non sans trembler. Grace ne manqua pas de lui lancer un regard noir. S’il voulait devenir médecin, il fallait qu’il soit, précis, efficace et qu’il ne recule devant rien. Il avait l’air plutôt mal partit ! Quant à Grace, elle avait commencé l’échographie grâce à une interne qui avait été beaucoup plus efficace. Elle baladait la sonde afin de voir parfaitement le bébé. Une fois ce résultat obtenu, elle regarda attentivement le moniteur et blêmit. Elle chercha une alternative, changea la sonde de place. Il n’y avait rien à faire. L’enfant que cette femme portait en elle était bel et bien mort. D’une voix qui se voulait être la moins tremblante possible, elle annonça à sa patiente.

- Madame. Je vais vous emmener dans une salle d’accouchement.

- Non, Docteur ! Mon bébé ne peut pas naître aujourd’hui ! C’est trop tôt, c’est beaucoup trop tôt !

Au regard plein de peine que Grace lui lança, madame Turner comprit qu’il y avait autre chose que le docteur ne lui avait pas encore annoncé. Quelque chose de bien plus grave qu’un accouchement prématuré.

- Docteur. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Grace tira le rideau autour d’elle et s’assit sur le bord du lit de sa patiente. Elle ne savait comment annoncer cela. Elle avait beau être passée titulaire en gynécologie depuis maintenant deux ans, elle n’avait jamais eu à faire à ce cas de figure. Il fallait bien une première fois. Elle inspira alors et annonça d’une voix la plus sobre possible.

- Madame. Votre bébé ne va pas naître aujourd’hui. Vous allez devoir accoucher d’un fœtus … mort. Je suis désolée.

Sa voix se brisa. Elle pinça les lèvres. Elle s’était promit qu’en aucun cas elle ne montrerait ses émotions devant un patient. Mais il avait fallu que ça arrive et elle ne pouvait y faire face. Sa patiente s’effondra en larmes et Grace fit comme elle put pour la consoler de l’inconsolable. Elles ne pouvaient attendre. Il fallait que cette dame accouche malgré tout. Elle lui dit, après un petit moment.

- Madame Turner. Nous allons devoir y aller.

La patiente restait silencieuse. Elle ne s’arrêtait pas de pleurer, tenant la main de son mari qui était arrivé entre deux. L’accouchement se déroula dans la douleur et dans le silence. Lorsque le travail de Grace fut terminé, sa garde l’était également. Elle quitta l’hôpital et se rendit dans un bar. Elle ne s’était jamais sentie aussi mal après un évènement du genre dans cet hôpital. Les patients qui étaient morts sous son bistouri étaient tous balayé par cet ex-futur enfant, par la douleur de ses ex-futurs parents. Elle n’avait jamais vécu cette expérience auparavant. Il fallait bien une première fois. Une double première fois puisque c’était également la première fois qu’elle ne pouvait se blottir contre Aiden pour oublier un peu … Elle souffrait pour cette femme comme elle n’avait jamais souffert dans son métier de médecin.

Ce fut la première d’une longue série. Et chaque fois que cela arrivait, Grace repensait à cette femme et elle souffrait comme ce jour-là, sachant maintenant que ça arrivait plus souvent qu'elle ne le pensait.

Un dimanche comme les autres. Un dimanche de novembre 1986 où le froid se fait ressentir jusqu’au plus profond de vous-même mais où vous pouvez profiter du soleil. Étant petite, Grace avait pour habitude, tous les dimanches, d’accompagner son père à la chasse lorsque la saison avait commencé. Son père et elle étaient très proches, il lui apprenait la vie et elle l’écoutait, les yeux écarquillés dès qu’il commençait une de ses nombreuses histoires. Il l’emmenait avec lui et lui disait au creux de l’oreille :

- Ma petite Grace, Gracie chérie, je vais t’expliquer le premier jour où …

Et ainsi s’ensuivait une aventure pleine de détails tous plus importants les uns que les autres. Monsieur Hunter choisissait ses mots, leur donnait le ton qu’il fallait adopter et faisait rêver sa fille, qui à l’époque était plus que passionnée par la nature, les animaux … Mais c’est ce dimanche là que tout changea. Ils étaient partit son père, son oncle, ses deux cousins plus âgés et elle à la chasse. Tous parés pour la journée, les fusils en bandoulières, les cartouches à la ceintures et les chiens courant devant eux. Les hommes et la petite Grace étaient tous à l’affût, cherchant le moindre gibier se profilant à l’horizon. Hunter apprenait à sa fille comment imiter le cri des oiseaux et au fur à mesure, avec l’entraînement, elle y arrivait parfaitement. Ce jour-là, elle avait d’ailleurs sifflé sous les ordres de son oncle et trois gros avaient survolé le ciel bleu. Étrangement, les oiseaux se dirigeaient vers eux au lieu de s’enfuir à la vue des fusils brandis vers eux. Personne ne chassait jamais ici. Tous s’allongèrent à terre au cas où une balle partait d’on ne sait où. Au bout d’un certain moment, alors que tout danger semblait écarté, monsieur Hunter se releva seul pour vérifier s’ils pouvaient se relever et avancer. A ce moment là, un lapin traversa le champ de blé où il se trouvait, et on entendit un coup de feu au loin. Quelques secondes après, on voyait le père de Grace s’effondrer à terre, le lapin courir plus loin et la fillette crier :

- Papa ! Répond-moi, Papaaaa !

Les secours arrivèrent beaucoup trop tard. Monsieur Hunter était déjà mort de cette balle qu’il avait reçu dans le cœur plusieurs heures auparavant et les larmes de Grace n'avaient plus de fin.

Après cette épreuve, Grace changea du tout au tout. De garçon manqué, elle changea en vraie petite fille, n’améliorant pas les rapports qu’elle entretenait avec sa mère pour autant. C’est aussi ce jour-là que sauver des vies devint si important pour elle. Sauver la vie d’un père pour que sa petite fille ne souffre pas comme elle avait pu souffrir, qu’elle n’ait pas à grandir sans l’homme dont elle aurait sûrement le plus besoin, qu’elle ne reste pas une petite fille à jamais comme elle.

Caractère : Si vous rencontrez Grace Hunter parce que vous êtes un de ses patients, vous trouverez cette femme professionnelle sous les points. Grace sait exercer son métier sur le bout des doigts, faire face à toutes sortes d’urgences mais elle sait aussi apprendre à ses internes ce qu’est la chirurgie et ce à quoi ils devront faire face. Son point fort en tant que médecin reste l'observation. Elle observe et analyse les paroles, faits et gestes de ses patients et découvre souvent des choses qu'ils n'auraient pas voulu lui confier alors que c'est primordial pour l'opération. Mais vous serez aussi étonné, si vous passez quelques fois dans le couloir, d’entendre cet interne qui a fait le résumé de votre cas à la visite, la surnommer le Tyran. Hé oui, quand elle est dans les couloirs de l’hôpital, Grace n’est pas des plus sociables. En ce qui concerne ses internes, elle les croule de corvées, les terrifies lorsqu’ils ne sont pas assez efficaces et les félicite que trop rarement. Et si certains ont son estime, ils ne doivent pas être au courant. Lorsque Grace travaille, elle est insensible, autoritaire, piquante parfois vexante, efficace. Et ça, vous, en tant que patient, vous l’avez bien remarqué. Mais ce que vous ne savez pas c’est que cette femme si froide en apparence, devient totalement quelque un d’autre en dehors de l’hôpital. Elle s’avère être sociale et amusante. Et même s’il lui arrive de ne pas faire attention à ses amis dans l’enceinte du London James, elle se rattrape largement à la fin de sa garde. Cette femme égocentrique plus que sur les bords est bien une femme et s’avère être, malgré ce qu’on peut dire, sensible et romantique parfois. Elle ne le montre que rarement, préférant attendre le bon moment pour dévoiler cette facette de sa personnalité. Il ne faut pas oublier de vous dire que Grace hait les obstacles. Quoi qu’il s’agisse, il ne faut pas que quelque chose gène son passage. C’est une fonceuse, qui veut toujours atteindre les buts qu’elle a choisit. Elle voulait devenir un grand médecin de renommée, elle l’est, elle voulait Aiden Trager, elle l’a eu. Et lorsqu’elle n’arrive pas à ses fins, elle peut se montrer très colérique du type enfant pourrie gâtée. Cet aspect de sa personnalité peut être très rapidement agaçant mais elle sait se rattraper par toutes sortes d'attentions pour celui ou celle envers lequel elle a eu sa petite " crise ". Sous ses airs froids, voir glacials, se cache une personne mi-femme mi-enfant ; mi-ange mi-démon dont on est toujours surpris.

On ne peut pas dire que ces deux-là ont une relation des plus simples. Ils sont ex-mari et femme et pourtant ils ne cessent de jouer au chat et à la souris. Chacun cherche le contact de l'autre, met le nez dans les affaires de son ex. Alors qu'Aiden lance ses éternelles piques, Grace commence à se rendre compte qu'elles lui manquent de plus en plus ...

Alanis ? Lorsqu'elle sont à l'hôpital, Alanis n'est pas différente de ses autres internes aux yeux de Grace. Mais lorsqu'elles se retrouvent, côté à côté, sur des tabourets de bars, les deux femmes rattrapent le temps perdu dans les couloirs blancs et dans les chambres des patients, à rire et à se confier. Miss Jenkins est une des seules à découvrir la vraie Grace qui se cache derrières ces aspects froids de médecin.

Une ex-femme, une ex-petite amie remontant de la fac. Il y a tellement de monde dans la vie amoureuse de Aiden Trager ! C'est justement cela qui intéresse Grace. Elle veut savoir qui est cette femme qui ré-apparait dans la vie de son ex-mari et par dessus tout, elle veut savoir ce que celle-ci compte obtenir d'Aiden. Et c'est bien pour cela qu'elle met son nez dans leurs petites affaires.

Grace a d'abord eu du mal a accepter sa sépration avec Aiden et elle a donc jugé nécessaire de consulter un psy. Et qui mieux que le Docteur Abrams, nouvelle psychiatre, pour le faire ? Après ces séances, les deux femmes sont restées amies.

Ian a beau être l'ami le plus proche d'Aiden, Grace ne peut plus se passer de lui et accentue par la même occasion les plaisanteries sur son ex-mari. Cependant, Ian sait très bien ce qu'il en est et il ne peut s'empêcher de la taquiner à ce sujet.

C'est la sœur d'Achille, Inès qui leur avait organisé un rendez-vous. Elle avait pour but de lui trouver une petite amie mais Grace ne pense pas à avoir une véritable relation avec lui, c'est pourquoi ils se sont arrêtés à une très belle soirée.

On peut dire que Grace est littéralement tombée amoureuse des fesses de Emeric Nichols. Bien qu'elle essaie de se faire discrète lorsqu'elle le croise (a), il se pourrait fortement que le résident s'en rende compte. Si Grace peut continuer son divertissement où est le problème ?