Cette semaine, l'hôpital est inspecté. Restez sur vos gardes, Trager rôde... |
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| Au hasard d'un couloir ... [R] | |
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Invité Invité
| Sujet: Au hasard d'un couloir ... [R] Mer 13 Aoû - 20:20 | |
| I love the rain the most…. En cette pluvieuse matinée, McKenzie ne pensait mais absolument pas du tout la même. Mais pas du tout ! Il commençait à en avoir ras le bol de cette pluie qui tombait en abondance, et regrettait presque les rivages de son Australie natale ! Le sable à perte de vue, le ciel bleu au-dessus de sa tête, une mer aux rivages tantôt tourmentés, tantôt paisibles …. Le paradis sur terre. Au lieu de ça, Ryan se retrouvait à 17 000 kilomètres de là, planté dans son appartement londonien. Lorsqu’il s’était couché hier, après une soirée passée au pub à regarder un match de rugby en dégustant une ou deux Guinness, il pleuvait. Ce matin, avant de partir tôt au boulot, il pleuvait encore. McKenzie était donc plutôt grognon aujourd’hui, faute à la météo ! Pour se donner un peu de pêche, et croire que le temps se dégagerait probablement pendant la journée, il avait passé du Jack Johnson en boucle pendant le petit-déj’, tout en avalant deux tartines beurrées et salées, avant d’engloutir quelques tasses de café. Oui, Mac’ était caféinovore. Il lui fallait sa ration de café quotidienne, sous peine d’être encore plus de mauvaise humeur. La cigarette du matin aussi, obligatoire avant de partir au boulot. A pied, évidemment.
La matinée n’avait pas été trop contraignante, niveau charge de travail. A vrai dire, c’était même plutôt calme, ce qui n’était pas pour déplaire au pilote et à son équipage. Comme seul point négatif au tableau, il avait eut droit à une énième remarque du Docteur Trager pour qu’il le laisse l’opérer. Ryan avait toujours ce fichu éclat d’obus logé derrière le poumon, que les médecins militaires n’avaient pas réussi à extraire, et qui, visiblement, ne semblait pas gêner plus que ça. Le seul hic était qu’il faisait sonner tous les portiques de sécurité, ce qui était plutôt gênant comme situation. Plus capable de faire ses courses tranquillement. Mais pour l’instant, il ne voulait pas l’enlever. L’enlever était signe d’opération, et opération impliquait probablement le fait qu’il serait cloué au sol pour une durée indéterminée. Ce qu’il ne souhaitait absolument pas. Mais au fond de lui, McKenzie savait pertinemment qu’il ne faisait que retarder l’échéance et qu’il passerait sur le billard un jour ou l’autre….
Depuis qu’il était arrivé ce matin, et que le London James Hospital était d’astreinte pour les interventions aériennes, ils avaient été gâtés, si on peut dire cela comme ça. Juste trois interventions : un électricien qui s’était électrocuté sur une ligne à haute tension dans le nord de la banlieue londonienne, un malaise cardiaque qu’il avait fallu transférer de l’aéroport international d’Heathrow jusqu’au LJH et enfin, une accidentée de la route, que les pompiers avaient désincarcéré de son véhicule qui avait percuté un poids lourd, sur une voie rapide qui menait vers l’est du pays et Norwich. Il fallait l’évacuer d’urgence vers un hôpital, et c’était le LJH qui prenait le relais. C’était même probablement leur dernière intervention de la matinée, un autre hôpital prenant le relais pour l’après-midi. L’hélicoptère approchait du toit de l’hôpital, une équipe de brancardiers, d’infirmiers et de médecins prêts à s’occuper de la blessée. McKenzie effectua un arrondi, afin de casser sa vitesse d’approche, et de se poser sans encaisser de coup. L’EC 135 répondit docilement, pour se poser sur ses patins, l’équipe de l’hôpital se ruant vers l’arrière de l’hélicoptère, l’équipage et les infirmiers embarqués ouvrant la double porte-arrière. Par-dessus son épaule, puis à travers la verrière, il pouvait voir la blessée partir jusqu’à l’ascenseur qui l’amènerait en salle d’opérations, les ordres des docteurs couverts par le bruit des deux turbines. Ryan actionna un bouton.
« Lima Juliet pour Heathrow Tower, on quitte la fréquence, terminé. »
[Lima Juliet pour London James, évidemment. L’équipage avait fini pour la matinée, ils seraient remplaçants cet après-midi. Alors que Ryan coupait les moteurs, il se tourna vers Hawkins, son copilote, pour lui demander.
« Qui prend le relais ? St-Anne ? » « Non. Biggin Hill. “ ” Mmh. Bon, je vais aller m’en griller une, boire un grand café et manger un morceau à la cafet’. Tu m’accompagnes ? » « Non, j’vais piquer un roupillon en salle de repos. Sacrée soirée hier soir, t’aurais dû venir.. »
McKenzie ne put s’empêcher de rire en posant son casque à l’emplacement prévu. Ouvrant la portière, Ryan sauta au sol pour sentir … les premières gouttes de pluie se posant sur son visage. Il leva les yeux au ciel, avant de relever le col de son blouson en cuir et de se diriger vers l’abri le plus proche. Parvenu à celui-ci, il tapa dans son paquet pour en sortir une cigarette, qu’il cala aussitôt au coin de ses lèvres, sortant son Zippo d’une autre poche. Ils n’avaient pas le droit de fumer dans l’hôpital, alors il faisait ça sur le toit, tranquillement, mais pas à l’abri des vents et des marées …. L’australien savoura néanmoins sa cigarette, partiellement protégé par le mur de l’ascenseur. La première de ses tâches la plus importante terminée, il se voua à la seconde : manger. Direction la cafétéria donc ! Ryan emprunta l’ascenseur, pour sortir à un des étages de l’hôpital.
Evidemment, ce n’était pas le bon étage. Mac’ était encore perdu dans les couloirs de l’hôpital. Son secteur de prédilection était le toit de celui-ci et cela s’arrêtait là. Le pilote se promena dans les couloirs, avec la ferme intention de trouver une indication quelconque qui l’amènerait au lieu de ses rêves. Au hasard d’un couloir, bondé de patients en tout genre et d’infirmiers qui s’occupait d’eux, il vit une femme en face de lui, un docteur. Grande, la silhouette élancée, elle marchait vite. Plus vite que la normale. Et la crispation de son visage laissait supposer une crise de nerfs prochaine. Surtout lorsqu’elle porta la main à celui-ci, prévenant une approche imminente de larmes. Il fallait éviter ça à tout prix. Pas devant les patients. Jamais devant eux. McKenzie observa le couloir et trouva ce qu’il voulait : une salle de rangement de fournitures médicales. Parfait.
Passant devant, il ouvrit la porte de la petite salle, avant de se diriger d’un pas résolu et ferme vers le médecin. Ils allaient bientôt se heurter, mais McKenzie saisit le bras de la femme, et passa son autre bras dans son dos, lui donnant par une poussée gentille la direction de la salle de fournitures.
« Ah, Docteur, par ici, s’il vous plaît. »
Se plaçant à ses côtés, la soutenant, il l’amena jusque dans la salle de fournitures, et prit le soin de fermer la porte derrière lui. Ryan libéra ensuite la légère emprise qu’il avait sur son bras, et la laissa se diriger vers le centre de la salle, tandis qu’il se plaçait dans l’embrasure de la porte, vérifiant que pas trop de personnes n’aient aperçu et compris son petit manège.
« Allez-y. Vous pouvez vous le permettre maintenant. Vous devez sûrement en avoir gros sur le cœur pour être dans un état pareil…. »avait-il lâché sur un ton qui se voulait réconfortant. McKenzie se retourna, quittant son poste d’observation pour se diriger vers la jeune femme, la regardant d’un air compréhensif. Si elle avait besoin d’une épaule, il était à proximité !
Dernière édition par Ryan McKenzie le Mer 13 Aoû - 23:42, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Mer 13 Aoû - 22:09 | |
| Opale se trouvait dans son salon, la tête contre la fenêtre qui donnait sur une petite aire de jeux pour enfants. Un mug rempli de café corsé, comme elle avait habitude de les consommer, elle contemplait la vue qui s'offrait à elle; la pluie, laissant tomber ses gouttes à une allure fulgurante, immergeant le toboggan rouge du parc et les bancs blancs aux inspirations urbaines. Ce genre de temps influaient les habitants eux-mêmes, les plongeant dans une morosité sans égale pour la plupart. Pourtant, Opale aimait suivre le spectacle des intempéries, profitant de ce moment pour se vider de toutes peurs, stress ou angoisses inutiles. Dans cette situation, elle ne pensait plus à rien et se contentait d'observer l'averse et les quelques malheureuses personnes privées d'un parapluie ou ne serait-ce que d'une capuche pour les protéger. Elle s'amusait de les voir se débattre comme ils le pouvaient avec l'eau qui ne faisaient qu'augmenter son débit et sa puissance. Elle fut tirée de ses songes par son cellulaire, lui rappelant qu'aujourd'hui, comme les six prochains mois, elle avait du travail qui l'attendait au London James Hospital. Elle scruta tous les recoins de la pièce pour mettre la mains dessus et l'atrappa finalement agilement d'une seule main, faisant coulisser le clapet avec son pouce. Elle répondit et ne reçut que pour seule réponse un soupir, signe de lassitude ou d'impatience de la part du correspondant. Effectivement, elle avait tardé à décrocher. La jeune femme raccrocha, haussa un sourcil et consulta la liste des appels reçus. Le dernier numéro auquel elle avait donné suite lui était étranger. Elle vérifia ceci en sortant de son sac à main son répértoire téléphonique. Deux minutes de recherche lui suffirent à reconnaître l'anonyme agaçé; c'était un ami, Matthis Gallino. Peut-être avait-il tenté de la joindre pour s'assurer de sa ponctualité. Peu importe, pas besoin de le recontacter, elle s'apprêtait à quitter l'appartement et verrait avec lui ce qu'il souhaitait lui annoncer. Ce n'était probablement pas important, il n'aurait pas abandonné aussi vite sa requête si c'était le cas.
La grande brune posa le verre sur le plan de travail de la cuisine et rejoignit sa chambre, finissant de se préparer. Elle avait déjà terminé de se barbouiller le visage avec sa panoplie de fards, poudres et autres accessoires de maquillages sensés embellir les femmes à leur plus grand bonheur. Son chignon tenait grâce à des pinces noires qu'elle avait disséminés dans sa chevelure et les vêtements qu'elle projetait de porter n'attendait qu'elle pour servir. Opale les avait préparé la veille, pour éviter de perdre du temps le lendemain. Au programme ce matin, un chemisier blanc accompagné d'un pantalon évasé taille haute noir. Elle se depêcha d'enfiler le tout et s'assura qu'elle n'avait rien oublié. Tout était bon, elle pouvait disposer. Walden prit son sac et le porta sur son épaules droite, le soutenant également avec sa main.
Arrivée aux vestiaires de l'hôpital où elle exercait en tant qu'interne et se vêtit de sa tenue professionnelle, à savoir une blouse blanche pour faire court. Sa journée s'annonçait mauvaise, c'était certain, les jours de pluie aimaient jeter leur dévolu sur elle. Fermant d'un geste brusque la porte de son casier, la faisant grincer des dents, Opale rendit visite au patient dont elle se chargeait ces derniers jours. C'était un adolescent âgé de seize ans seulement, adepte de skate et de musique. Il était atteint d'une maladie depuis sa naissance mais les médecins n'avait diagnostiqués son cas que lors de ses huit ans. Et pour cause, la guérison était plus inconcevable, la maladie ayant eu largement assez de temps pour s'aggraver. En l'espace d'une semaine, la jeune femme s'était attachée au personnage de Newton - c'était comme ça qu'il s'appelait. Son optimisme sans bornes effrayait et fascinait l'interne à la fois. D'une part, elle avait peur que les espoirs qu'il portait en elle et à l'équipe du London James s'avèrent infondès. D'autre part, elle ne pouvait qu'être attendrie par l'ouverture d'esprit et la joie que transmettait ce garçon.
Arrivée à l'étage où séjournait son patient, Opale eut enfin l'occasion de se diriger d'un pas assuré la chambre de Newton. Elle poussa la porte, un large sourire aux lèvres, prête à annoncer de bonnes nouvelles au teenager, et eut un choc indescriptible en pénétrant à l'intérieur. Il n'y avait plus personne, plus de traces du sweat fétiche du malade, aucun bouquet de fleurs offert par les proches -comme si ça pouvait l'aider, de stupides fleurs. La salle était libérée. Tout d'abord, Walden eut une approche positive du contexte, préférant imaginer qu'il avait été transféré en psychiatrie pour faire le point sur l'après-maladie, avec Kalea Abrams. Avant de fonder des espoirs hatifs à ce sujet, la jolie brune questionna la première infirmière qu'elle rencontra. Elle posa à toute vitesse une série d'interrogations. La situation pouvait se résumer une phrase.
« Je suis desolée, Opale... »
« Mais comment est-ce possible ! Un titulaire avait bien dit que ça s'améliorait, il l'avait confirmé. Oui, Newton allait être libre, il allait revoir tous ses copains, reprendre un train de vie normal.»
« Calme-toi.»
LA FERME ! cria Walden, attirant plusieurs regards offusqués sur elle. Mais ceci ne l'intéressait pas. Elle venait de perdre un patient, et pas n'importe lequel. C'était un jeune garçon qui communiuait tant de choses en un seul sourire. Elle longea le couloir en s'efforçant de masquer sa tristesse, et surtout ses larmes. Non, elle devait rester forte. Aucun signe de faiblesse. Opale porta machinalement ses mains à son visage pour sécher les larmes qui, déjà, s'échappaient de ses yeux et baissait la tête pour ne se faire voir d'aucun chirurgiens. Soudain, sans qu'elle n'ai le temps de se rendre compte de ce qu'il faisait, un bel homme l'invita, ou plutôt contrôla ses pas pour l'emporter dans une salle à l'abri des regards ébahis. Elle ne le connaissait pas et se demandait ce qu'il lui voulait, mais n'essaya même pas de le repousser, trop ébranlée pour réagir. C'est alors qu'elle ne s'y attendait pas du tout que celui-ci expliqua ce qui l'avait amené à l'attirer dans la salle des fournitures. Elle releva la tête et prit une grande inspiration. Walden observa un instant le visage de Ryan McKenzie et s'effondra, tombant sur ses genoux, la tête enfouie dans sa poitrine. Elle était étonnée que quelqu'un puisse penser à elle, venant de la part d'un parfait inconnu, les circonstances paraissaient étranges.
« Merci » prononça Opale, plus ou moins calmée par les paroles de Ryan. Il fallait qu'elle garde pour elle ce qu'elle ressentait, mais c'était plus fort qu'elle. Dans moins de trois minutes, elle se sera déjà livré au pilote affecté au LJH pour se libérer d'un poids. Son abattement n'était pas seulement du au décès un chouïa prévisible de Newton, s'ajoutaient à cela la fatigue, la pression de boulot, la responabilité des métiers de la santé. L'ensemble l'avait poussé à craquer. |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Jeu 14 Aoû - 0:50 | |
| McKenzie jeta un dernier coup d’œil à travers la petite fenêtre de la porte. Personne ne semblait avoir prêté une quelconque attention à la scène qui venait de se dérouler sous les yeux des gens présents dans le couloir. Ou du moins, ils feignaient extrêmement bien leur manque d’attention. Ryan se retourna vers le médecin, qui, l’espace d’un instant le fixait. Leurs regards se croisèrent. L’Australien eut un pincement au cœur. Elle .. elle semblait si triste qu’il voulait faire quelque chose pour elle. Il ne savait pas quoi. Il connaissait ce regard, pour l’avoir lui-même eut à quelques reprises. La perte d’un être cher nous marquait tous au fer rouge. Personne n’y échappait. Pourtant, Ryan, poussé par une curiosité dont il ne connaissait pas l’origine, ne pouvait s’empêcher de regarder la jeune femme, à genoux, la tête enfouie dans sa poitrine. Elle lui balbutia des remerciements. Lui restait là comme un parfait idiot, planté comme un piquet dans le parquet de la salle. Il ne savait toujours pas comment réagir, quelles décisions prendre. Ce qui était un comble pour un pilote, vous me l’accorderez, qui dans la plupart des cas doit décider dans l’urgence. Toujours en la regardant, un petit sourire mi-gêné, mi-réconfortant aux lèvres, il chuchota, presque dans le ton de la confidence, comme si ce qu’il allait dire viendrait briser un intense moment qui requérait un silence absolu.
« Y a pas de quoi. »
Ryan se décida à agir, souhaitant cesser d’occuper le rôle du parfait petit piquet. Le pilote sentait un étrange besoin de réconforter ce médecin, ou du moins, de l’aider à surmonter cet obstacle, cette épreuve. Lentement, presque sur la pointe des pieds, il s’avança dans la petite salle de fournitures, jusqu’à se retrouver au pied de la jeune femme. Tout en ne quittant pas son visage baissé du regard, il s’installa à ses côtés, se mettant à genoux et passant une main dans son dos, qu’il se mit à frotter lentement. Sa manière à lui de dire qu’il compatissait. Puis, Ryan releva la tête et fixa l’étagère devant lui, sur laquelle était disposée plusieurs boites de compresses et de pansements divers, rangés selon leur taille et leur type. McKenzie soupira.
« 23. »
Quelques secondes de silence et de flottement. Ce n’était pas non plus facile pour l’australien de déballer tout ça. A vrai dire, il ne l’avait peut-être, et même sûrement dévoilé. Toutes ces blessures morales qui sont restées enfouies au plus profond de lui-même. Il fallait se décider à les soigner. Aujourd’hui, ici et avec cette inconnue, cela lui semblait être le moment adéquat. Mais c’était difficile à sortir, et quelques secondes supplémentaires de silence vinrent s’ajouter aux précédentes. Résolu, déterminé, fixant toujours l’étagère en face de lui, il décida à se lancer.
« 23. C’est le nombre de personnes qui sont mortes de ma faute. 23 personnes qui, si j’avais été plus rapide, si j’étais venu plus tôt ou emprunté une autre trajectoire auraient certainement pu vivre. Je ne suis pas médecin. Je suis pilote. Ambulancier des airs. Mon rôle ? Amener le plus rapidement possible des blessés vers une zone de soins …. Pourtant, même si je ne me suis pas occupée d’elles personnellement, je sais que je suis le seul responsable. Si seulement j’avais été plus rapide, si seulement j’avais choisi un autre itinéraire …. Je me souviens du nom de chacune d’entre elles, et cela restera à jamais.
… [Quelques secondes de flottement] …
Ou je veux en venir, Docteur, c’est qu’il ne faut pas s’arrêter sur un échec. La perte d’un patient ou d’un ami est souvent difficile à surmonter, mais il faut que vous le fassiez. Dites vous que vous n’avez aucun pouvoir là-dessus. Dites-vous seulement, que vous, que vos mains sont des instruments qui peuvent permettre d’éviter ça. Dites vous que peut-être une personne est partie, mais combien d’autres vont vivre grâce à vos actions, grâce à vos choix…. »
Un nouveau soupir, accompagné d’un sourire vint fendre l’air.
« Vous devez probablement me prendre pour un idiot avec mes discours moralisateurs. Je suis à vos yeux un parfait inconnu, comme vous l’êtes pour les miens. Je .. je suis désolé, je n’aurais peut-être pas dû vous dire ce que je viens de dire, mais … mais je ne sais pas. Au fond de moi, je pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Mais je vous remercie .. de m’avoir écouté, je n’avais jamais dit à une autre personne ce que je viens de vous dire, je .. je ne sais pas mais .. ça m’a fait du bien …. »
La main de l’australien quitta le repère du dos de l’inconnue pour se joindre à l’autre. Ryan se leva l’espace d’un instant, pour se replacer en face du médecin, qui avait toujours la tête baissée, enfouie dans la poitrine. Ses mains se délièrent, et la droite vint soulever délicatement le menton de l’interne, pour enfin la fixer dans les yeux, un sourire réconfortant vint illuminer le visage du pilote, qui poursuivit, d’une voix calme et sereine.
« Pensez au prochain, Docteur. Des décès, et c’est malheureux à dire, vous en verrez durant votre carrière. Mais des guérisons, vous en verrez beaucoup plus. C’est pour cela qu’il faut que vous vous raccrochiez sans cesse à cet espoir…. »
McKenzie n’avait absolument aucune idée d’où lui venait ce discours. Les mots sortaient de sa bouche, comme s’il y avait réfléchi au préalable. Ce n’était pourtant pas le cas. Sa main était restée sous son menton, et Mac se permettait de détailler en profondeur le visage de la femme qui lui faisait face. Non, elle n’avait pas le droit. Une femme qui, selon les critères de l’australien, reflétait une telle beauté ne pouvait se permettre de paraître aussi triste. La main du pilote quitta dans un léger mouvement son repère. McKenzie se permetta même de sécher une larmes qui avait entretemps coulé sur les joues du médecin. En temps normal, il ne se serait jamais permis un tel acte, encore moins avec une personne qu’il connaissait à peine, mais il sentait qu’en ce moment, dans la « bulle » qui enveloppait les deux employés, il pensait qu’il avait pu se permettre un tel excès. Toujours empli du même calme et de la même quiétude, Ryan poursuivit sur le même ton, accompagné d’un sourire qui se voulait plus franc.
« Je parle, je parle et je ne m’occupe même pas de l’essentiel. Vous. …. Vous voulez peut-être en parler ? Je pense que cela vous ferait du bien… »
Mais à la limite, les mots ne serviraient à rien…. McKenzie n’avait qu’à plonger son regard dans les sublimes yeux marrons de l’interne pour comprendre tout ce qu’elle voulait lui dire, si celle-ci ne voulait pas parler …. [Mmmh ... je sis mitigé quant à la qualité du post... J'ai un peu l'impression de m'être embrouillé les pinceaux ... ] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Jeu 14 Aoû - 22:15 | |
| « Y a pas de quoi. »Opale réussit à esquisser un petit sourire en guise de réponse. Elle releva la tête, la basculant en arrière, le temps de fixer le plafond, puis retourna dans sa position initiale. Après avoir tout enfoui en elle pendant plusieurs mois, elle sentait qu'elle se devait d'exterioriser tout ça. Ce qu'elle ressentait également était que le moment propice était celui-ci, avec cet homme dont elle ne connaissait pas le métier, ni même le nom. Il lui inspirait confiance et dégageait une énergie positive qui ne pouvait qu'encourager la jeune femme à faire part de ce qui la dérangeait. S'étant pourtant calmée et arrêté ses balbutiements depuis quelques minutes, elle reprit brusquement ses pleurs, respirant en hoquetant. Ce qui la poussa à faire régner le silence fut un simple mot qui, sans expliquations, n'aurait rien signifié. Ryan venait de se confier à elle comme elle projetait de le faire précédemment. Il commença en annonçant un nombre, 23. D'abord, Opale prit la peine de rehausser le menton pour respecter la prise de parole de son interlocuteur. Ce qu'il narrait devait sûrement être difficile pour lui; il n'était jamais évident de devoir de remémorer de telles anecdotes. Dites-vous que vous n’avez aucun pouvoir là-dessus. Dites-vous seulement, que vous, que vos mains sont des instruments qui peuvent permettre d’éviter ça. Dites vous que peut-être une personne est partie, mais combien d’autres vont vivre grâce à vos actions, grâce à vos choix.Ce fut sur ces propos qu'Opale se ressaisit. Elle ne savait pas comment il avait pu trouver ces mots si correctements choisis, mais c'était tout à fait ce qu'elle aurait souhaité entendre. Tout ce qu'il venait de dire était vrai et se vérifiait dans la vie de tous les jours. Parfois, nous devons subir des échecs qui nous méneront probablement plus loin. Reculer pour le plus loin saillir. Il faut savoir tirer ce qu'il y a de bon dans des échecs, et ne pas perdre de vue qu'il ne faut pas s'arrêter sur ça. D'autres victoires et réussites suivront. Comme pour un chirurgien, certaines décisions ne sont pas les bonnes mais le risque est à prendre. Tantôt, le médecin aura bien fait de faire tel ou tel choix. Tantôt, ses décisions mèneront à un décès. Merci encore, merci pour tout. Vous n'imaginez même pas à quel point ces discours moralisateurs, comme vous les qualifiez, m'ont ouvert les yeux. Je dois le dire, vous avez su trouver les mots justes, ces paroles que personne d'autre ne m'avait jamais dites. J'en ai entendu, des discours qui se voulaient réconfortants. Aucun d'eux ne m'aura autant... Opale souffla, reprenant ses émotions.Excusez-moi. Je disais donc, aucun d'eux ne m'aura autant encourager à prendre mes défaites pour de prochaines guérisons. Elle feignit d'abaisser de nouveau la tête, quand l'inconnu qui se trouvait à présent face à elle posa sa main sur son menton et d'un placide geste. Ce dernier continua d'alimenter le dialogue, remarquant judicieusement que Walden n'avait pas tracé le récit de sa matinée pour le moins boulversante. Elle se contenta de faire une légère grimace, avant d'ajouter :Vous savez, en parler ne ferait qu'amplifier la douleur. Et puis, je ne suis pas tellement du genre à parler de moi. C'est juste une abondance d'événements contraires à ma volonté, affirma-t-elle sur un ton tourmenté. Les mots ne venaient pas, Opale n'était pas loquace, mais ses yeux parlaient pour elle. L'espace d'un instant, elle voulut demander à celui qui l'avait attiré ici son identité. Savoir qui il était, ce qu'il faisait là. Mais elle renonça, pensant qu'il était tout aussi raisonnable de ne pas chercher à connaitre l'autre. Pas tout de suite. Opale se sentait en très bonne compagnie et n'avait nul besoin d'en savoir plus. Elle ne savait pas ce quelle sorte de magnétisme opérait. Cependant, c'était l'une des premières fois depuis de longues semaines qu'elle n'avait pas autant omis de se poser mille et une question. A l'heure qu'il était, elle n'avait plus envie de rien, plus envie de penser. [ C'est vraiment mauvais ce que j'ai écris ] |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Ven 15 Aoû - 17:43 | |
| Parler de son passé avait réveillé certains de ses vieux démons, lui rappelant des situations dans lesquelles il s’était fourré avec son équipage, qui n’étaient pas toujours très glorieuses. Par exemple, l’idée d’aller se poser en plein milieu d’un carrefour sous les tirs croisés d’insurgés irakiens pour récupérer un soldat américain blessé n’avait pas été sa meilleure idée. Mais heureusement pour lui, ce jour-là, ils avaient échapper au pire, et il n’y eut juste que des impacts à signaler sur la carlingue de son appareil. Ca aurait pu être pire. Mais il y avait un temps pour tout. Et comme Opale, Ryan trouvait le moment tout à fait désigné. Il se sentait empli d’une telle sérénité qu’il pensait pouvoir tout dire. Les mots du pilote semblaient toucher la jeune interne, qui manifestait une réelle attention aux propos de l’australien. Le docteur semblait reprendre de l’aplomb suite à certaines de ses paroles et elle le remercia, d’une manière qui toucha l’ancien militaire.
"Merci encore, merci pour tout. Vous n'imaginez même pas à quel point ces discours moralisateurs, comme vous les qualifiez, m'ont ouvert les yeux. Je dois le dire, vous avez su trouver les mots justes, ces paroles que personne d'autre ne m'avait jamais dites. J'en ai entendu, des discours qui se voulaient réconfortants. Aucun d'eux ne m'aura autant... "
Ryan l’écoutait attentivement. A vrai dire, il ne perdait pas une bribe de ses mots et lorsqu’Opale s’interrompit quelques secondes pour reprendre ses esprits, il avait amorcé un geste, comme s’il voulait l’empêcher de ressombrer dans d’éventuels pleurs.
"Excusez-moi. Je disais donc, aucun d'eux ne m'aura autant encourager à prendre mes défaites pour de prochaines guérisons."
Suite à de pareils remerciements, il gratifia la jeune interne d’un sourire, franc et reconnaissant, avant d’hocher la tête en guise d’acquiescement. Ryan posa une main sur son épaule, comme il l’aurait fait avec n’importe qui.
« Au risque de me répéter, Docteur, c’est tout à fait normal. » avait-il simplement lâché, sur un ton presque paternaliste, à la fois rassurant et réconfortant. Non, vraiment, à ses yeux, il n’y avait pas de quoi le remercier. Lorsque McKenzie évoqua le fait que le Docteur n’avait toujours pas expliqué ce qui l’avait mise dans cet état, celle-ci décida de ne rien dire, et de tout garder pour elles. L’Australien feignit une moue, avant de reprendre, et de gratifier l’interne d’un nouveau sourire.
« Bien, Docteur, c’est vous qui voyez. D’un point de vue plus personnel, je ne pense pas que cela soit la bonne solution, mais bon. Une dernière chose toutefois …. »
McKenzie enleva son blouson d’aviateur en cuir, et commença à relever la manche droite de sa chemise, avant de poursuivre.
« Avant de venir en Angleterre, et accessoirement avant de venir travailler pour cet hôpital, j’étais pilote d’hélicoptères dans l’Armée de Terre Australienne, dans une unité de secours aériens. Il y a maintenant deux ans et demis, nous étions, avec mon unité, stationnés en Irak, à Bagdad… »
Ryan fit une pause, reprenant son souffle, se remémorant certains de ses amis qui y étaient restés pour toujours. Lui avait bien failli d’ailleurs. Ce qu’il disait semblait le troubler émotionnellement, il soupirait ou soufflait de temps en temps, sa voix se faisait quelques fois tremblante. Mais il poursuivit. Il se sentait bien aux côtés de cette femme qui, même s’ils ne connaissaient pas, allait elle connaître une partie de sa vie qu’il contait rarement.
« Un jour, je .. je devais me rendre au quartier général pour des formalités quelconques. Durant le trajet, mon véhicule fut retourné par l’explosion d’un engin explosif improvisé, laissé par des insurgés. »
Mc avait fini de remonter sa manche droite, dévoilant une partie de son épaule brûlée et les nombreuses cicatrices dûes aux éclats. Il se passa une main sur le visage, puis dans les cheveux, parlant d’une voix plus grave.
« Le gars qui était avec moi est mort. J’ai eu plus de .. de chance que lui, n’étant que blessé. Certains des éclats sont encore dans mon corps. Ca, docteur, ça, c’est ce que j’appelle une abondance d’évènements contraire à ma volonté. »
Il souffla à nouveau, faisant redescendre sa manche
« Désolé. Ce .. ce n’est pas très facile à expliquer. Je ne cherche pas votre pitié, et je cherche encore moins à vous faire la morale, ce n’est pas mon rôle, ce n’est pas à moi de faire ça. Mais je veux que vous sachiez qu’il y aura toujours plus mal loti que vous. Alors, cessez de regarder derrière, de penser que vous avez peut-être commis une faute, ou que vous êtes tout simplement responsable et allez de l’avant. Je trouve .. je trouve cela un peu inhumain de dire ça, mais c’est la seule manière que j’ai trouvé pour chasser mes vieux fantômes…. »
Il y eut quelques secondes de flottement, de silence lourd et pesant, selon le pilote australien. Il ne savait pas pourquoi, encore une fois, lui avait-il raconté tout cela. Mais lui se sentait libéré. Peu de personnes avaient vu ses blessures, et pourtant, sans savoir expliquer pourquoi, il avait confiance en l’interne qui se trouvait en face de lui. Ravalant sa tristesse, il afficha un nouveau sourire, tout en repassant son blouson.
« Bien. A l’origine, j’étais descendu boire un bon café à la cafeteria. Et sauf si vous êtes de service, je vous invite Docteur, en espérant que cela puisse vous aider à vous changer les idées…. »
Ryan semblait métamorphosé en l’espace de quelques instants. Il se sentait mieux, ôté d’un poids qui l’encombrait depuis trop longtemps maintenant. Tout désormais semblait respirer la joie de vivre en lui. Il n’avait plus ce côté quelque peu abattu qu’il affichait quelques minutes auparavant, lorsqu’il évoquait des passages de sa vie pour le moins douloureux. Son sourire, sa mine réjouie et réconfortante semblaient faire le change, du moins, le pilote espérait que cela suffirait pour rendre l’interne qu’il avait en face de lui de bonne humeur, désireux de lui rendre le sourire, qu’elle devait avoir merveilleux, assurément. |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Sam 16 Aoû - 19:08 | |
| Opale ne savait plus quoi penser de la situation. Elle avait cette partie en elle qui lui demandait de tout exterioriser, de se débarasser une bonne fois pour toutes de ses angoisses qu'elle avait pris pour habitude d'accumuler sans broncher. D'un autre côté, elle ne savait pas comment s'y prendre. La seule personne à qui elle pouvait tout confier, tout dire, en sachant pertinemment qu'elle ne le crierait pas sur tous les toits étaient un homme qu'elle avait réellement aimé. Comme elle n'avait jamais aimé personne. En sa présence, elle pouvait tout oser. Hélas, elle l'avait perdu minablement. Elle n'avait pas tenté de se battre pour lui, de faire ce qu'elle pouvait pour le reconquérir. Aujourd'hui, elle ressentait cette même vibration qui la poussait à parler. Mais elle restait dans la retenue malgré cela. Walden scruta les moindres recoins de la pièce pour échapper au regard de Ryan. Non, elle se devait de ne pas se lancer dans des confidences explosives, car elle savait qu'une fois dans le bain, elle avait du mal à s'arrêter. C'était là que reposait toute la complexité de sa personnalité. Elle était souvent dans les extrêmes. Soit elle ne faisait pas du tout quelque chose, soit elle y mettait du coeur à l'ouvrage. Alors qu'elle réflechissait encore, prêtant tout de même une oreille attentive à l'inconnu qui se trouvait face à elle, Opale se résigna; il avait raison, c'était loin d'être la meilleure solution à adopter, le silence. La preuve, arrive un moment où l'on n'encaisse plus comme avant. Puis elle se laissa transporter dans le récit de son interlocuteur. Elle observa la façon dont il relevait progressivement la manche du blouson qu'il venait de retirer, arquant un sourcil curieux. L'interne se demandait à quoi il voulait en venir. Pour le comprendre, il lui fallait suivre la fin de l'anectode qu'il se remémorait avec une certaine gêne à première vue. Il marquait des pauses entre ses phrases, prenant le temps de ne pas omettre certains détails. Opale fit la moue, se sentant coupable, quelque part, de lui faire avouer tout ceci indélibérément. Si elle ne l'avait pas croisé aujourd'hui, dans un couloir quelconque du London James Hospital, il n'aurait pas eu à relater des faits aussi lourds qu'il avait vécu. Elle ne perdait pas une miette de la description que Ryan retraçait. Elle analysait chacun de ses gestes, de ses soupirs. Elle sentait la puissance psychologique que demandait un telmétier que le sien. Car, oui, maintenant, elle en savait nettement plus sur lui qu'il n'en savait sur elle. « [...] laissé par des insurgés. » C'est sur cette phrase qu'il entama de dévoiler un peu plus son épaule. A la vue de cette partie du corps du pilote, Walden eut l'envie d'examiner plus longuement sa blessure. Elle n'en eut pas le temps et préféra ne pas se mêler de ça. Touchée par le périple qu'avait subi Ryan, Opale plissa les yeux et se mordit la lèvre inférieure, laissant paraître sur son visage une compassion non dissimulée. Elle n'avait pas pitié de lui. Simplement, elle partageait, en quelque sorte, sa douleur.
Je ne sais pas où vous allez trouver cette force, comment vous avez pu supporter cet événement et bien d'autres, je pense. C'est incroyable.
C'est sans transition que McKenzie proposa à la suite de sa narration de descendre à la cafétéria. Une excellente idée qui leur permettra de se voir dans un autre environnement, loin des pansements et cartons emplis de divers matériaux médicaux. D'ailleurs, l'endroit où ils s'apprêtaient à se rendre était l'un des lieux de prédilections de la jeune femme. Elle ne cachait pas qu'en cas de coup de mou, elle y trouvait la force dont elle avait besoin pour le reste de la journée.
Je ne peux indéniablement pas refuser. Je vous suis, avancez, je vous rejoinds dans quelques secondes , annonça Opale. Elle profita de l'absence momentané de Ryan pour sécher les dernières larmes qu'elle avait laissé couler sur ses joues, ruisselant jusqu'à son cou. Elle prit soin de vérifier qu'aucun signe de détresse n'était restée sur son visage et se leva doucement, reprenant du poil de la bête. C'est ainsi que sur un pas ferme et plein d'entrain qu'elle s'en alla rattrapper l'anonyme dont elle savait pourtant bien des choses. Vous connaissez le chemin, je suppose, demanda-t-elle bêtement. Question rhétorique. Ca ne faisait pas de mal, ça permettait de meubler la conversation. Opale et Ryan s'avançaient, marchant l'un à côté de l'autre dans les couloirs de l'établissement. Détachant un instant son attention de McKenzie, la grand brune inspecta ses alentours. Autour d'eux, des internes suivaient leur résident respectif ou d'autres en train de se raconter les derniers ragots, des blessés étaient transportés d'urgence sur des brancards et certains d'entre eux dirigés en trombe dans les ascenseurs, des médecins qui consultaient l'état de leur patient afin d'en tirer des conclusions sur l'évolution de leur maladie. Il y avait des infirmières aussi, cherchant désespérement des chefs pour informer d'un emploi du temps surchargé. L'animation au LJH était constante et pas un jour ne passait sans qu'il n'y ai une agitation maximale à tout étage. Si j'ai bien compris, dit-elle en fixant ses pieds, vous travaillez ici. Je ne crois pas vous avoir déjà croisé pourtant. Depuis combien de temps êtes-vous au service de cet hôpital ? finit-elle par questionner sur un ton enjoué, curieuse d'en apprendre toujours plus. |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Sam 16 Aoû - 23:27 | |
| Les souvenirs de la journée ou McKenzie avait été blessé revinrent à toute vitesse dans l’esprit du pilote. Il s’en rappelait parfaitement. La matinée, lui et son équipage avaient évacué le chef d’un M2A3 Bradley, qui s’était pris une cartouche dans l’épaule alors que son convoi roulait tranquillement. Le tireur d’élite irakien était particulièrement doué. Mais l’équipage australien était arrivé à temps, et le tankiste put être sauvé, étant déjà stabilisé lorsque le Blackhawk se posa à proximité du blindé pour le récupérer. Il fut ensuite transféré à une antenne chirurgicale américaine, installée directement sur l’aéroport international. L’intervention avait duré moins de dix minutes, mais c’était dix minutes plutôt intenses. Puis plus rien, l’attente. L’après-midi, une unité américaine prenait le relais, ce qui n’était pas pour déplaire aux kangourous. McKenzie devait formaliser quelques problèmes administratifs au quartier général des forces australiennes en Irak et un véhicule avait été détaché exprès pour lui. Ryan se souvient ensuite des dernières secondes, lui et son chauffeur venaient de dépasser un véhicule blanc, à côté d’un immeuble détruit. Puis le flou total, le rappel d’une immense douleur avant de sombrer dans l’inconscience. Le dur réveil à l’hôpital militaire et ce qui s’en est suivi : sa radiation du corps des sous-officiers de l’armée de terre australienne et sa venue en Angleterre voilà deux ans. Quelques petits boulots dans une entreprise pétrolière avant d’échouer ici, au London James Hospital. Si on lui avait dit deux ans auparavant qu’il terminerait ainsi, il ne l’aurait jamais cru. Une remarque de l’interne le fit réagir.
« Oh, vous savez Docteur, on fait avec. De toute façon, nous sommes bien obligés. Et puis, je savais très bien les risques que j’encourais lorsque j’ai signé mon engagement…. »
Puis, changeant radicalement de ton et de sujet, McKenzie invita Opale à prendre un café. C’était son remède miracle à lui, le café. Il pouvait en boire à n’importe quelle heure de la journée sans que des effets secondaires ne se ressentent…. D’ailleurs il lui arrivait souvent de piquer un petit roupillon après avoir bu une tasse. La jeune interne accepta son invtation, lui indiquant qu’elle le rejoindrait. McKenzie pensait avoir compris, et gratifia la charmante doctoresse d’un sourire. Lui-même se rhabilla, rajusta sa tenue avant de sortir de la pièce et de se diriger d’un pas lent vers la cafeteria. Ryan affichait une mine réjouie, et passait le bonjour à des connaissances qu’il croisait au fur et à mesure qu’il avançait vers son graal. C'est-à-dire pas grand monde, vu qu’il était arrivé depuis peu. McKenzie connaissait principalement l’équipe d’infirmiers et d’infirmières, qu’il connaissait plus que les nombreux internes ou les différents médecins. Opale rattrapa le kangourou, pour rester à ses côtés. L’activité était certes constante, mais en cette période estivale, McKenzie estimait que le boulot n’était pas non plus harassant. Enfin, de son point de vue, évidemment. Convoyer des patients est certainement moins éprouvant qu’avoir à gérer plusieurs patients dans la même journée….
« Bof… je devrais pas me perdre .. enfin je l’espère pour vous ! Croisez les doigts ! »lâcha-t-il sur le ton de la plaisanterie.
Les deux employés du London James arrivèrent à l’ascenseur, que McKenzie s’empressa d’appeler. L’installation labellisée ‘Otis’ répondit docilement aux ordres de l’australien et les deux portes d’acier s’ouvrirent devant Opale et Ryan, qui s’engouffrèrent aussitôt au fond de l’ascenseur. La jeune femme venait d’ailleurs de poursuivre la conversation.
« Ca va faire deux mois que je suis ici. Et je ne m’en lasse pas…. Mais je suis arrivé bien avant en Angleterre, j’ai travaillé ici et là avant de venir me poser ici …. Et vous, Docteur … ? »
La petite pause marquée derrière le Docteur présageait qu’Opale donne son prénom au pilote, que leurs connaissances se finalisent enfin. Quant à l’ascenseur, celui-ci poursuivait son périple, et ouvrit ses deux portes sur l’étage tant convoité. Après encore quelques mètres, Opale et Ryan arrivèrent enfin devant les portes de la cafeteria, qui était passablement remplie, ce qui se comprenait aisément vu l’heure. Ils étaient aux environs de midi.
« Nous y voilà ! Vous prendrez bien quelque chose ? »
Sous-entendu : « Qu’est ce que je vous offre ? » |
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| Sujet: Re: Au hasard d'un couloir ... [R] Sam 6 Sep - 16:09 | |
| Opale et Ryan McKenzie venaient d'entrer dans l'ascenseur, se rendant à la cafétéria. Ils se placèrent au fond et continuèrent leur conversation. « Ca va faire deux mois que je suis ici. Et je ne m’en lasse pas…. Mais je suis arrivé bien avant en Angleterre, j’ai travaillé ici et là avant de venir me poser ici …. Et vous, Docteur … ? » La pause que Ryan marqua après avoir prononcé le mot docteur présageait une attente de réponse. Il était venu le temps de se présenter, après toutes ces confidences et ces minutes de discussion. La grand brune plaça une mèche de cheveux qui cachait sa vue derrière son oreille et prit la parole en fixant son regard droit devant elle.« Opale. Walden. Opale Walden. Hmm... je suis interne à l'hôpital depuis plusieurs mois. J'en suis très heureuse également. » Elle poursuivit en coordonnant ses paroles à de grands gestes de la main, le sourire aux lèvres et le ton détaché. « Ne me surnommez pas, je n'apprécie pas tellement. Enfin, si ça vous tient tellement à cœur... » ajouta-t-elle en roulant les yeux. Elle n'avait pas fini de parler. « Et vous ? Je vous donnerai bien Mike, comme prénom. Oui, Mike, c'est tout à fait vous. Mais je me trompe peut-être » , murmura-t-elle en fourrant ses mains dans sa blouse. Puis, l'ascenseur finit sa descente en un bruit concis résonnant et les portes s'ouvrirent rapidement. Arrivés à la cafétéria, Opale se vit offrir quelque chose par Ryan McKenzie. Elle haussa les épaules et hésita l'espace d'un instant pour finalement répondre. « Un simple café me contentera. » Comme très souvent, elle optait pour cette boisson chaude-là. Elle avait commencé à en consommer considérablement tôt, à l'âge de neuf ans. Ne soyez pas trop étonnés, c'était juste une petite fille qui voulait imiter son papa pendant sa lecture matinale, troquant le journal contre un magazine pour enfants. Elle leva les yeux au ciel et plongea son regard dans le vide. *** « Dis, ça pique le café ? » demanda la petite Opale, plissant le nez.« Non, mais le goût est plutôt fort et il n'est pas bénéfique à notre organisme. Je ne pense pas que tu es l'âge requis pour en boire. Pas encore, ma puce. » affirma la maman d'Opale, déposant un baiser sur son front. « Dresse le couvert, tu seras un amour » , continua-t-elle en tendant plusieurs fourchettes et cuillères à son enfant.« Alors c'est quoi, l'âge... requis ? » demanda-t-elle en faisant une grimace absolument adorable, curieuse de comprendre quelle était la signification de ce mot si étrange. Elle attrapa les instruments et les posa en prenant soin de les aligner en fonction des motifs de la nappe. « C'est "requis" qui te pose problème. Bien. Qu'est-ce que t'as conseillé papa, hier ? » répondit la jeune femme, se mettant à la hauteur de sa fille. « De ne plus dire à tout le monde qu'il se grattait le nez en condui... » Elle fut coupée dans son élan par sa mère.« Hum, non, l'autre conseil. » dit-elle, gênée.« Ca me revient! Ouvrir un dictionnaire quand un mot me turlutine. »« Turlupine, chérie, avec un p. » Elle accompagna sa fille dans le salon.« "Requis". Qui est nécessaire. Ca veut dire que peut-être, demain, je serais assez nécessaire pour boire un café, comme une grande ? »La maman prit son bambin dans les bras et rit silencieusement. Elle se dirigea en sa compagnie vers la salle à manger et la plaça sur une chaise. « Non, ça veut dire que tu attendras encore quelques années pour te prouver que tu es une grande fille. En attendant, prépare-toi à goûter mes merveilleuses tagliatelles. » *** Concentrée sur un souvenir de son enfance, des images plein la tête, elle en fut rapidement tirée par son interlocuteur. « Excusez-moi, je pensais à quelque chose. Nous disions donc ? » chuchota-t-elle en passant une nouvelle fois une main dans ses cheveux. L'interne se décida enfin à proposer ce qu'elle avait en tête depuis cinq à dix minutes. « Et si nous nous tutoyions, hors cadre professionnel ? » Puis elle appréhenda la réponse. S'il répondait oui après un moment d'hésitation, ça signifiait qu'il s'y était senti contraint. S'il soutena les propos de Walden en ajoutant, de surcroît, que c'était une excellente idée ou qu'il préférerait nettement, c'était bon signe, elle ne serait pas ridicule. Enfin, s'il réfuta clairement la simple idée qu'ils puissent se parler plus familièrement, la couleur du visage d'Opale viendrait vite à se confondre avec celle d'une tomate et elle ne serait plus où se mettre. (Vraiment desolé du très grand retard, je bats mon propre record. Encore, si le résultat avait abouti à quelque chose d'intéressant.. Même pas. ) |
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