On va au Zoo ?

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En cette journée de printemps, tout le personnel de l’hôpital s’attelait à sa tâche. Des urgences aux soins palliatifs, tout semblait anormalement routinier. D’ailleurs, plusieurs de ses jeunes avides de sang et de sensations fortes qu’on appelait communément des internes, ne se gênaient pas pour faire remarquer que l’ennuie les rongeait. Pourtant, ils ne savaient pas encore qu’aujourd’hui, leur désir de retrouver des cas intéressants allait être assouvis.
C’est une infirmière qui en fit d’abord les frais. Assise dans un petit bureau à l’accueil, elle remplissait de la paperasse tout en gérant les nouveaux patients lorsqu’un son regard fut attiré par le corps d’un homme. Aux premiers abords, tout allait à la perfection chez lui. Il était de taille et de corpulence moyenne, à vu d’œil il ne devait même pas avoir quarante ans. Pourtant, quelque chose de visible et conséquent dépareillait affreusement : il donnait l’impression d’être enceinte !
Accompagné d’un homme, il s’approcha du comptoir et commença à expliquer son problème :

« Bonjour, je suis M. Meyer. Je suis suivi ici par l’un de vos gynécologue et je dois entrer aujourd’hui à l’hôpital pour surveiller de plus près le bébé. »

Les deux hommes semblaient tous les deux calmes et posés, comme si tout était normal. Pourtant, après plus de vingt ans de carrière derrière elle, l’infirmière avait vu défiler un bon nombre de patients aux symptômes tous plus étranges les uns que les autres et elle pouvait certifier que ce qu’elle voyait n’était pas possible et surtout pas.... normal. Tentant que rester professionnel jusqu’au bout elle annonça aux deux personnes qui se tenaient devant elle :

« Bien sûr. Veuillez patienter quelques instants je recherche votre dossier. »

Après quelques clics sur son ordinateur, elle retrouva le fichier correspondant et en apprit plus sur cet étrange phénomène. Tout s’expliquait, l’homme était en faite une femme. Ou plutôt, une ancienne femme. Il ou elle, bref, avait eu recours plusieurs fois à de la chirurgie esthétique mais avait désiré gardé ses attributs sexuels féminins. L’infirmière en conclut justement que c’était pour pouvoir avoir des enfants. Rassurée de ne pas avoir à faire à un remake d’ET, elle affirma confiante :

« Installez vous dans la salle d’attente. On va venir vous chercher dans quelques minutes pour vous installer dans votre chambre. »

Ils s’exécutèrent tous les deux et patientèrent. Déjà, dans l’hôpital, de nombreux regards ébahis se tournaient vers eux pour observer l’homme enceinte. Plus ou moins habitués, les deux amants ni faisaient gère attention.

***

Une bonne heure plus tard, les futurs parents étaient installés dans une chambre. Le plus jeune des deux venaient de se faire ausculter par son gynécologue : la grossesse semblait se dérouler normalement pour le bonheur de tous.

« Tu imagines, dans quelques semaines on sera trois à la maison. » dit l’homme enceinte.

Emu, son conjoint répondit par un signe de tête. C’aurait du être un grand moment de complicité entre eux, mais il était gâché car cette grossesse semblait susciter beaucoup d’intérêt dans l’hôpital ce qui l’énervait profondément. Effectivement, à l’entrée de la chambre, un petit troupeau s’était déjà formé et examinait de loin le « phénomène ».

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Aristid et le travail, une grande histoire d’amour… Et pourtant aujourd’hui il s’ennuyait ferme ! Pas un seul cas n’était assez intéressant à ses yeux, et il faut dire qu’il n’y en avait pas tant que ça. Et tout le monde sait, au sein d’un centre hospitalier, qu’un interne qui ne se voit pas confier un patient particulier, pour ne pas dire spécial et intéressant, est un interne malheureux… Oui, à ce point ! Il arpentait les couloirs, dans l’espoir de pouvoir peut-être de saisir l’occasion d’assister à une intervention, ou encore de tomber sur le dossier exceptionnel ! Mais jusqu’à présent ça n’avait rien donné, il demeurait avec ses dossiers du début de matinée… Il n’allait pas se laisser abattre voyons ! Ca aurait été mal connaître le jeune homme. Pour l’instant, il allait s’accorder une pause café, il en avait bien besoin. Arrivé face à la machine, il se prit un cappuccino et comme à son habitude, il ne pu s’empêcher d’écouter la conversation des infirmières, tout près de lui. Lui ? Commère ? Non, ça, c’était les infirmières. Lui se trouvait juste au bon endroit, au bon moment, et de ce fait, profitait d’une belle discussion. Même mieux encore, il venait de décrocher l’information de la journée !

D’après elles, il y aurait un cas des plus intéressants ce jour même : un homme enceinte. Si ça ce n’est pas extraordinaire ?! Il ne pouvait pas se permettre de louper un truc pareil ! Un tas de questions se bousculaient déjà dans sa petite tête, se demandant par exemple comment cela était possible. Car vous pensez bien que les infirmières parlaient beaucoup mais que la quantité d’informations était réduite ! Première étape pour lui, trouver la chambre de ce patient ! Très vite il se retrouva au bon étage, et en moins de temps qu’il vous en faut pour dire « Ouf ! » il traversa les couloirs en long, en large et en travers.

Aristid ? Pressé ? Oui, aussi impatient qu’un enfant quand il s’agissait d’une chose pareille ! Il aperçu finalement un attroupement près d’une porte. De suite il en conclut que c’était ici et qu’il n’était pas le premier à avoir appris la nouvelle. Ils s’étaient tous précipités ici, et Aristid aurait même dû s’en douter, tellement cela était prévisible. Il s’avança vers le petit groupe, curieux de savoir de quoi il s’agissait concrètement.

« Alors ? J’ai raté quelque chose ? »

Ce n’est pas tous les jours qu’on croise ce genre de cas, je dirais même que ça n’arrive qu’une fois, si ce n’est même jamais, dans la vie d’une interne. Il pouvait s’estimer chanceux, n’est-ce pas ? Ce patient allait s’en doute devenir l’attraction de l’hôpital, et même si cela pouvait être un manque de respect envers lui, il faut bien avouer que c’était trop dur de résister. Ils devaient en parler, et Aristid le premier sans doute. Lui qui s’était ennuyé depuis son arrivée à l’hôpital aujourd’hui, il ne regrettait pas du tout sa journée de boulot. Et voilà, l’interne malheureux allait de mieux en mieux ! ^^